Mot-clé : Théâtre-récit

Conversation avec Saverio la Ruina, par Federica Martucci.

 
« Lorsque j’écris, je dis à voix haute ce que j’écris. Tout ce qui résonne dans le corps et accroche des gestes reste. Ce qui se révèle inerte, littéraire, je le réécris. »

Saverio La Ruina

Arrange-toi, entretien avec Federica Martucci, traductrice et comédienne.

 
« Le travail de traduction théâtrale est un travail de transmission, transmission d’un outil de travail pour les acteurs et le metteur en scène, transmission d’éléments visibles et invisibles, du sens et du son, un travail presque intuitif de recherche de l’impulsion rythmique et de la respiration des voix, pour moi c’est un exercice dramaturgique plus que linguistique. Et bien entendu en tant que traducteur on est confronté aussi à des choix.

En poursuivant le travail en tant que comédienne j’éprouve en direct et vérifie sur le plateau ces choix de traductrice et l’efficacité théâtrale de la traduction. Le travail réalisé à partir du texte d’origine en amont me procure aussi une connaissance poussée du texte, de sa construction, de sa dramaturgie qui prend toute son expression et son sens durant les répétitions. »

Federica Martucci

New York, 1911: Étincelles, entretien avec Laura Sicignano, Laura Curino et Juliette Gheerbrant.

« Au théâtre j’ai essayé de donner vie aux fantômes d’hommes, mais surtout de femmes qui ont fait la grande Histoire, avant d’être écrasé(e)s par elle. Comme pour rendre voix et justice aux héros et héroïnes oublié(e)s, en une époque, la mienne, où pour trouver la vraie grande tragédie tu dois regarder d’autres temps et d’autres lieux. Aujourd’hui notre monde est tellement recouvert du vernis des petites névroses, tellement minimaliste et homologué, tellement soumis au marché et désenchanté, qu’il n’est pas théâtral. Je cherche de grands mythes ailleurs. Je les ai trouvés dans la seconde guerre mondiale, chez les « sorcières » du dix-septième siècle, chez les émigrants italiens en route pour « Lamerica », chez Jeanne d’Arc et Gilles de Rais, chez les réfugiés politiques venus d’autres continents. Et dans l’incendie de l’usine TWC, auquel j’ai consacré Étincelles, un de mes textes et de mes mises en scène les plus récents. »

Laura Sicignano

De terre et de sang (extrait), par Massimo Barilla et Salvatore Arena.

« Tant que la loi est écrite sur le papier, les mafieux s’en fichent, ils espèrent que la loi ne s’applique pas, qu’année après année les gens se résignent et que tout reste en place. Mais s’ils nous voient unis, décidés à la prendre pour de bon cette terre qui nous revient, alors ils commencent à comprendre que la tyrannie n’est pas un droit et que si quelqu’un a le pouvoir entre ses mains il ne peut pas fabriquer les lois à sa convenance. »

Massimo Barilla et Salvatore Arena

Cœur sombre (extrait), par Francesco Niccolini.

« Les meurtres sont accomplis par des enfants soldats en public.
Après leur premier crime, leur obéissance sera totale.
Le fonctionnement de la majeure partie des armes est aujourd’hui très simple elles peuvent être démontées, remontées et utilisées par un enfant de moins de dix ans. armes légères fabriquées en occident et payées avec leurs diamants, leur pétrole, leur terre et leur vie. »

Francesco Niccolini

Le Narrateur. Réflexions à propos de l’œuvre de Nicolas Leskov (première partie), par Walter Benjamin.

« Il est aisé de concevoir l’une des causes de ce phénomène: le cours de l’expérience a baissé. Et il a l’air de prolonger sa chute. Nul jour qui ne nous prouve que cette baisse ait atteint un nouveau record, que non seulement l’image du monde extérieur mais celui du monde moral ait subi des changements considérés avant comme impossibles. Avec la Grande Guerre un processus devenait manifeste qui, depuis, ne devait plus s’arrêter. Ne s’est-on pas aperçu à l’armistice que les gens revenaient muets du front? non pas enrichis mais appauvris en expérience communicable. Et quoi d’étonnant à cela? Jamais expérience n’a été aussi foncièrement démentie que les expériences stratégiques par la guerre de position, matérielles par l’inflation, morales par les gouvernants. Une génération qui avait encore pris le tramway à chevaux pour aller à l’école se trouvait en plein air, dans un paysage où rien n’était demeuré inchangé sinon les nuages; et, dans le champ d’action de courants mortels et d’explosions délétères, minuscule, le frêle corps humain. »

Walter Benjamin

La brebis galeuse (extrait), par Ascanio Celestini.

« Nicola pensait que si l’institut était encore là, c’était juste une erreur de la bureaucratie. Comme les tas d’ordures qui restent au milieu de la rue quand la mairie n’arrive pas à se mettre d’accord avec les éboueurs pour les faire ramasser. »

Ascanio Celestini

Histoire d’une goutte d’eau, par Ascanio Celestini.

« Un homme est assis dans la pièce. Il regarde le robinet qui fuit. L’homme pense : c’est juste une goutte d’eau. »

Ascanio Celestini

C’est moi qui vous ai choisi, par Ascanio Celestini.

« Alors j’ai repensé à cette vieille histoire du loup, de la chèvre et du chou. Eh bien donc, il y a un paysan. Et ce paysan, il a une barque. Oui, c’est bizarre qu’un paysan ait une barque et pas un tracteur et un motoculteur mais bon, celui-là il a une barque, voilà. »

Ascanio Celestini

Moi je marche en file indienne, par Ascanio Celestini.

« Il était une fois un petit pays.
Dans le petit pays il y avait un petit gouvernement. Il y avait aussi une petite école.
Mais le petit gouvernement et le petit pays pensèrent qu’il y avait trop d’enseignants dans la petite école et il dirent éliminons les enseignants qui enseignent des matières qui ne sont pas indispensables parce que trop de matières vont mettre la confusion dans l’esprit des enfants et les enfants sont stupides. »

Ascanio Celestini