L’Étoile du berger (extrait), par Fernand Dumont.

« Maintenant que la chose est à jamais finie, que votre doux visage est entré dans la nuit, très lentement entré dans la nuit des années, qu’il flotte entre deux eaux comme un noyé perdu parmi les voiliers morts et les rêves éteints, maintenant que la cendre est dispersée aux quatre vents et qu’il ne reste rien des traces du foyer, maintenant que vous êtes devenue tellement étrangère et si mystérieuse que je ne parviens plus à vous imaginer vivante – je ne sais même pas si vous vivez encore – permettez-moi de vous parler à voix perdue et de vous dire ici tout ce que je vous dois. »

Fernand Dumont

De la ville considérée comme principe idéal des histoires italiennes (extrait), par Carlo Cattaneo.

« Le berger de Val Sàssina, se donne le nom d’une ville lointaine qu’il n’a jamais vue, et appelle bergamasque le berger des Alpes contigus, alors qu’aucun agriculteur ne s’appelle parisien, pourrait-il voir de chez lui Paris ou presque. »

Carlo Cattaneo

À ciel ouvert (extrait), par Fernand Dumont.

« on ne m’aura pas
on n’aura pas le plus petit morceau de moi »

Fernand Dumont

Lettre à Henri Parisot, par Leonora Carrington.

« si ma vie vaut quelque chose je suis le resultat du temps »

Leonora Carrington

Énigmes aimées (extrait), par Clotilde Marghieri.

« Je parle d’âge : maintenant, autrefois. Mais quel est mon âge aujourd’hui, puisqu’il contient tous les autres et qu’aucun n’est usé, aucun écoulé, tant que je ne parviens pas à les voir mourir un par un ? Il me semble les voir tous alignés, parallèles et discordants, chevaux mal assortis, mais attelés au même char. »

Clotilde Marghieri

L’inutile beauté, par Theodor W. Adorno.

« Les femmes à la beauté exceptionnelle sont condamnées à être malheureuses. Même celles que favorisent toutes les circonstances, la naissance, la richesse et le talent, semblent comme poursuivies ou possédées par l’impulsion de se détruire elles-mêmes et, du même coup, tous les rapports humains. Un oracle les contraint à choisir entre des destinées toujours fatales. »

Theodor W. Adorno

Au cœur du monde (fragment retrouvé), par Blaise Cendrars.

Je suis l’homme qui n’a plus de passé. —Seul mon moignon me fait mal. —

Blaise Cendrars

La photographie ou le surréalisme par nature, par Susan Sontag.

« Le surréalisme est au cœur même de l’entreprise photographique: du seul fait qu’il crée un double du monde, une réalité au second degré, plus étroite mais plus dramatique que celle que perçoit la vision naturelle. Moins elle est manipulée, moins il y entre de technique, plus elle est naïve, et plus une photo a de chances de faire autorité. »

Susan Sontag

La colline, par Edgar Lee Masters.

« Où sont Elmer, Herman, Bert, Tom et Charley,
Le veule, le costaud, le clown, le pochard, le boxeur?
Tous, tous, ils dorment sur la colline. »

Edgar Lee Masters

Contribution à la statistique, par Wisława Szymborska.

« Sur cent personnes:

qui en savent plus que tout le monde
– cinquante deux;

qui doutent à chaque pas
– pratiquement tout le reste ; »

Wisława Szymborska