La Chapelle: dans la nuit des réfugiés, par Olivier Favier.

 
« Sous le pont du métro aérien, entre les stations Barbès et la Chapelle, les nuits ne sont pas seulement bruyantes et inconfortables. Chaque matin, à l’heure où Paris s’éveille, une demi-heure avant le premier métro, la police évacue les jeunes gens qui y dorment, lampe-torche au poing. C’est pour l’instant la seule intervention des pouvoirs publics en direction de la centaine de migrants, Soudanais et Érythréens pour l’essentiel, qui y ont trouvé refuge. En allant jusqu’à la station suivante, à Stalingrad, ils sont peut-être trois cents. »

Olivier Favier

22 août 1914 : cent ans d’oubli, par Olivier Favier.

 
« Ce « combat de rencontre », comme on l’appelle encore, est l’épicentre du plus vaste engagement de toute la première guerre mondiale. Le même jour, les Allemands mènent une offensive de moindre ampleur, sans être mieux informés des manœuvres adverses. Quoi qu’il en soit, les lignes se sont brusquement rapprochées et des combats éclatent tout au long d’un front qui s’étend de Mons à Belfort, sur près de 600 km. À Rossignol, ce sont 7 000 soldats français qui meurent dans la journée, 17 000 pour les quinze batailles livrées dans le Luxembourg belge, 25 000 sur l’ensemble des combats. Ce record macabre n’a jamais été dépassé depuis dans l’Histoire de France. »

Olivier Favier

Les réfugiés syriens de la Porte de Saint-Ouen (2), par Olivier Favier.

 
« Un homme d’une trentaine d’années, qui ne veut pas dire son prénom, demande un rendez-vous à Mohamed Majidi. Ses besoins ne sont pas seulement administratifs. Sa famille a été tuée dans la guerre, lui a-t-il déjà expliqué, lors d’un échange précédent. Je regarde sa main qu’il tient nerveusement contre son cœur, et la petite étoile qui y est tatouée. Parmi ces jeunes qui nous parlent, certains sont là depuis quelques semaines, d’autres depuis plusieurs mois. Beaucoup sont méfiants à l’idée de se rendre au bureau de France Terre d’asile, qui gère les cas des adultes isolés, ou dans celui de la Cafda, qui accueille les familles. Une rumeur aussi persistante qu’infondée leur fait craindre une confiscation du passeport. »

Olivier Favier

Les réfugiés syriens de la porte de Saint-Ouen (1), par Olivier Favier.

 
« Au cours de l’été, le groupe présent aux abords du périphérique parisien s’est en partie déplacé, faute d’attention des autorités françaises. Cette absence de réaction est cohérente avec la fin de non recevoir signifiée par le ministre de l’intérieur socialiste Bernard Cazeneuve, le 28 août dernier, à la décision pourtant timide et tardive de la mairesse de Calais -droite forte- d’ouvrir un camp de 400 places pour les demandeurs d’asile en transit sur sa commune. Pour Mohamed Majidi cependant, si un appel d’air se crée quand une solution se fait jour dans un quelconque endroit du continent européen, son ampleur est très largement fantasmée. »

Olivier Favier