Dans son rapport de campagne, hybride de rhétorique fasciste et de langue bureaucratique où liquidation ou solution (sistemazione) était souvent mis pour massacre, (Rodolfo Graziani) se félicitait d’avoir « mis la région à feu et à sang ».
Marie-Anne Matard-Bonucci
« Place au soleil » légitimement conquise par une nation prolétaire, l’Éthiopie fut aussi considérée comme une école de vie qui devait forger le caractère du nouvel homme italien. Critica Fascista décrivait une véritable métamorphose de l’homme italien : « [beaucoup] ont dû abandonner ces défauts caractéristiques de notre caractère. Bonté et ingénuité; opposition entre la volonté d’agir et une certaine indécision. Beaucoup de poids morts du caractère italien ont trouvé une sépulture en Afrique. »
Marie-Anne Matard-Bonucci
« Guerre d’expansion menée à contretemps de l’histoire, à une époque où les prémisses de la décolonisation apparaissaient dans plusieurs des Empires, la conquête de l’Éthiopie fut la seule entreprise coloniale d’Outre-mer menée par une puissance totalitaire. »
Marie-Anne Matard-Bonucci
« Les recommandations de fidélité sexuelle étaient prises pour l’aveu d’une affection coupable. Les cadeaux étaient considérés comme des indices à charge : le caractère utilitaire de certains présents pouvait être plaidé mais ceux qui n’étaient manifestement destinés qu’à faire plaisir, enfonçaient les accusés. »
Marie-Anne Matard-Bonucci
Rubriques : À l'ouest d'Aden |
Mots-clés : Colonisation italienne, Condition féminine, Éthiopiennes, Faccetta Nera, Giovanni Papini, Guerre d'Ethiopie, La Difesa della razza, Lidio Cipriani, Lois raciales, Madamismo, Marie-Anne Matard-Bonucci, Sexualité et colonisation
« En dépit de discours affichant un humanisme à l’italienne, les autorités fascistes ne réprimèrent pas ces pratiques barbares des combattants, jugeant plus important de modifier les comportements sur un autre terrain: celui de la sexualité. Quelques mois après le début des hostilités, les relations des Italiens avec les femmes éthiopiennes devinrent, aux yeux des élites fascistes, une véritable « question » politique et une bataille prioritaire du régime. »
Marie-Anne Matard-Bonucci
» Le type était convaincu d’être un voyageur averti. Et plus il avançait dans son récit, plongeant dans l’héroïsme épique des anciens habitants de ces lieux, plus je me sentais gagnée par la nervosité. Comment dire: mais ils avaient des habitants ces pays ou bien il en était le seul, lui le voyageur? Pays, territoire, vous me suivez? »
Cristina Ali Farah
« Vous vous souvenez du naufrage il y a un mois? Des dépouilles des neuf Somaliens transportées à Rome? De la célébration des funérailles au Campidoglio? Ces funérailles je crois ont remué quelque chose dans le cœur des gens. Ce n’est pas que je surestime votre rôle. Mais pendant toute la semaine, journaux et télévisions n’ont fait que parler du naufrage. Qui pouvait l’ignorer? Qui voit clairement la raison pour laquelle certaines fois les évènements sont intéressants et d’autres pas? Parce qu’au fond ce naufrage aurait pu être un parmi tant d’autres. »
Cristina Ali Farah
«Ça s’appelle Feuille de soumission: quand notre pays était occupé par les italiens il fallait toujours l’avoir sur soi. Il fallait la montrer aux soldats italiens qui te la demandaient. Si tu ne l’avais pas, tu pouvais être tué. On se déplaçait toujours avec une longue longue canne au sommet de laquelle on enfilait la feuille, pour la montrer aux militaires.»
Gabriella Ghermandi
« La chambre ne contenait pas grand chose. Sur le sol en pierre étaient posés les pieds d’un sommier recouvert d’un matelas, à côté du sommier des étagères vides, dans un coin une petite table ronde avec quelques icônes, dont une de la Vierge, qui se distinguait particulièrement rendant les autres insignifiantes, un bout de chandelle et puis des araignées. »
Gabriella Ghermandi
« Quand j’étais petite, les trois vénérables anciens de la maison me le disaient toujours : « tu seras notre chantresse». »
Gabriella Ghermandi