Je suis dur
Je suis tendre
Et j’ai perdu mon temps
À rêver sans dormir
Partout où j’ai passé
J’ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte accroché au plus haut des entrailles
À la place où la foudre a frappé trop souvent
Un cœur où chaque mot a laissé son entaille
Et d’où ma vie s’égoutte au moindre mouvement
Sable mouvant (extrait)
(…)
Mais si le sort permet encore que je m’attarde
Pour perdre
Pour gagner
Au hasard des chemins
Ce qu’il faut pour pleurer
Ce qu’il faut pour sourire
Et attendre le sang
Du jour au lendemain
Alors
Je prie le ciel
Que nul ne me regarde
Si ce n’est au travers d’un verre d’illusion
Retenant seulement
sur l’écran glacé d’un horizon qui boude
ce fin profil de fil de fer amer
si délicatement délavé
par l’eau qui coule
les larmes de rosée
les gouttes de soleil
les embruns de la mer
Extraits de Pierre Reverdy, Sable mouvant, Au soleil du plafond, La Liberté des mers suivi de Cette émotion appelée poésie, nrf Poésie / Gallimard, Paris, 2003.
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