Mot-clé : Lois raciales

Entretien avec Primo Levi (1982), par Enzo Biagi.

 
« Ce qu’il s’est produit durant l’été 1938 n’a pas été une surprise. Le Manifeste de la race est sorti en juillet, il y était écrit que les Juifs n’appartenaient plus à la race italienne. Tout cela était déjà dans l’air du temps, il y avait déjà eu des actes antisémites, mais personne n’imaginait les conséquences des lois raciales. J’étais très jeune alors, je me souviens qu’on espérait que ce serait une hérésie du fascisme, quelque chose pour faire plaisir à Hitler. Puis on a vu qu’il n’en était pas ainsi. Il n’y a pas eu de surprise, une déception oui, avec une grande peur mitigée par le faux instinct de conservation : “Ici certaines choses sont impossibles”. Autrement dit la négation du danger. »

Primo Levi

La conquête de l’Éthiopie et le rêve d’une sexualité sur ordonnance (2), par Marie-Anne Matard-Bonucci.

« Les recommandations de fidélité sexuelle étaient prises pour l’aveu d’une affection coupable. Les cadeaux étaient considérés comme des indices à charge : le caractère utilitaire de certains présents pouvait être plaidé mais ceux qui n’étaient manifestement destinés qu’à faire plaisir, enfonçaient les accusés. »

Marie-Anne Matard-Bonucci

L’Italie et ses crimes: un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.

« Dans le village d’Affile, à 70km au sud-est de Rome, le 11 août 2012, le maire a inauguré un mausolée au maréchal Rodolfo Graziani. Le monument a coûté à la région du Latium la somme de 230 000 euros. »

Olivier Favier

Radio clandestine, Mémoires des fosses ardéatines (2), par Ascanio Celestini.

« Je dis qu’à partir de 1938 le gouvernement italien a déclaré la guerre à 40 000 Italiens, autrement dit aux Juifs. Parce que ces Italiens-là ils étaient juifs, mais tout aussi italiens que les autres… »

Ascanio Celestini

Mémoire littéraire, mémoire historique. Entretien croisé sur l’Italie des lois raciales (1938-1945), avec Marie-Anne Matard-Bonucci et Aldo Zargani.

« Pourquoi Graziani, auteur de massacres en Éthiopie et en Libye, ne fut jamais extradé comme le furent Kappler, Reder et tant d’autres? Pourquoi l’Italie a-t-elle oublié les massacres de la Croatie? Et voilà qu’aujourd’hui les post-fascistes essaient de mettre les massacres des Foibe sur le même plan que la shoah! »

Aldo Zargani

Une réalité subjective, entretien avec Aldo Zargani.

« La mémoire est fragile parce qu’elle est dynamique, elle change avec le temps, et elle s’éloigne imperceptiblement de la vérité objective. Aussi je crois qu’une véritable autobiographie est tenue de « se constituer en roman » pour pouvoir évoquer comment ont été vus, en une époque désormais lointaine, les faits alors qu’ils se produisaient et qu’ils étaient aussitôt reflétés dans l’esprit d’un enfant. Cela m’oblige à raconter ce que je lis à l’intérieur de moi sous la forme d’un roman et, dans le même temps, à me donner tort lorsque c’est nécessaire. »

Aldo Zargani