Quand la France s’inventait en Syrie (introduction), par Olivier Favier.

 

À la suite des printemps arabes, le 15 mars 2011, une insurrection populaire éclate en Syrie contre le régime de Bachar-El-Hassad. Après un court intérim, ce dernier a succédé en 2000 à son père, au pouvoir depuis 1970. En Syrie, le parti Baas règne en maître depuis 1963. Dès les premières manifestations, la répression se montre très violente, accompagnée de nombreuses victimes. En quelques jours, le pays est plongé dans la guerre civile.

En août 2011, les opposants créent le Conseil National Syrien, qui a pour but de fédérer les différentes oppositions au régime. Lancé officiellement début octobre à Istanbul, cette entité ouvre la voie à une internationalisation du conflit au niveau politique, puisqu’il y a désormais deux exécutifs distincts pour un même état. Si les puissances régionales craignent les répercussions sur leurs propres territoires et doivent faire face à un afflux massif de réfugiés (1 400 000 en avril 2013), les grandes puissances mondiales jouent un jeu diplomatique complexe en faveur de l’un ou l’autre camp.

Très vite, la rébellion révèle des intérêts divers qui rendent l’issue du conflit problématique et lointaine, tant sur le plan intérieur qu’au niveau des alliances possibles. En août 2013, la révélation d’une attaque massif au gaz sarin entraîne les États-Unis, le Royaume-Uni et la France à menacer le gouvernement syrien d’une intervention « punitive », alors même qu’il demeure des doutes sur l’origine de l’attaque. Début septembre, l’intervention diplomatique de la Russie en faveur de Bachar-El-Assad et les dissensions internes au sein des états occidentaux, entraînent un retour à la voie politique.

Au 1er septembre 2013, selon l’Observatoire syrien des Droits de l’homme, le conflit aurait fait au moins 110 000 morts.

Après plus de deux ans d’un conflit où d’emblée la France semble avoir voulu jouer un rôle diplomatique majeur, les articles parus sur la longue histoire commune entre la France et la Syrie demeurent rares et incomplets. Ce qui suit ne dit rien de l’histoire récente, sur laquelle on a bien plus écrit. Mon propos est de rappeler que, de la Révolution française à la Seconde Guerre Mondiale, la France a manifesté des ambitions coloniales sur la Grande Syrie -Liban et Palestine inclus- gênée ou concurrencée par la Grande Bretagne, la Russie et bien sûr l’Empire Ottoman, maître officiel des lieux jusqu’à la première guerre mondiale.

Ces ambitions peu connues -et sur lesquelles la bibliographie contemporaine, en français du moins, est parfois encore étonnamment tendancieuse- éclairent d’un jour utile une possible intervention militaire, qui en premier lieu aura surpris bien des Français.

  • Introduction: Quand la France s’inventait en Syrie (1799 – 1946).
  • Première partie: La prise de Jaffa, ou le premier massacre colonial moderne (mars 1799).
  • Deuxième partie: Napoléon III, ou l’Empire humanitaire (1860 -1861).
  • Troisième partie: Le Mandat, ou comment les Français ont bombardé Damas (1925).
  • Quatrième partie: La guerre de Syrie ou la guerre civile exportée (1941).

 

Musée de Ferdinand de Lesseps et du canal de Suez, Paris © Olivier Favier.

Musée de Ferdinand de Lesseps et du canal de Suez, Paris © Olivier Favier.

Bibliographie:

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