On aura beau faire et beau dire
on aura beau parler de neige
ou de merde
on aura beau m’entourer de filets d’heures inutiles
on ne m’aura pas
on n’aura pas le plus petit morceau de moi
Sois tranquille
Je parviendrai toujours à fuir
à rattraper le temps perdu
à courir à toutes jambes
à courir hors d’haleine
à travers les faubourgs interminables
de l’impatience
où tu m’attends comme un reproche
et comme si j’en pouvais d’avoir découvert
que la vie
est le chemin le plus obscur d’un point à un autre
31 janvier 1937
Extrait de À ciel ouvert, Éditions des Cahiers de Rupture, La Louvière, 1937.