Les choses qui font le dimanche, par Corrado Govoni.

 

La chaude odeur du pain qu’on cuit dans le four.
Le chant du coq dans le poulailler.
Le chant des canaris aux fenêtres.
Le heurt des seaux contre le puits et le grincement de la poulie.
Le linge étendu dans le pré.
Le soleil sur les seuils.
La nappe neuve de la table.
Les miroirs dans les chambres.
Les fleurs dans les verres.
Le vagabond qui fait pleurer son harmonica.
Le cri du ramoneur.
L’aumône.
La neige.
Le canal gelé.
Le son des cloches.
Les femmes vêtues de noir.
Les communiantes.
Le son noir et blanc du piano.
Les sœurs blanches bandées comme des blessures.
Les prêtres noirs.
Les pensionnaires gris.
Le bleu du ciel serein.
Les promenades des amants.
Les promenades des malades.
Le bruissement des arbres.
Les chats blancs contre les vitres.
Le tournoiement des girouettes rouges.
Le battement des fenêtres et des portes.
La peau dorée des oranges sur le pavé.
Les enfants qui jouent dans les allées au cerceau.
Les fontaines ouvertes dans les jardins.
Les cerfs-volants planant sur les maisons.
Les soldats qui font la manœuvre bleue.
Les chevaux qui piaffent sur les pierres.
Les jeunes filles qui vendent les violettes.
Le paon qui fait sa roue sur le grand escalier rouge.
Les colombes qui roucoulent sur le toit.
Les amandiers en fleur dans le couvent.
Les oléandres roses dans les vestibules.
Les rideaux blancs qui bougent au vent.

Traduit par Olivier Favier. Poésie extraite de Gli Aborti (1907).

Un autre poème de Corrado Govoni traduit par Patrizia Tutoy.

Angelo Morbelli, Les trois Parques / Le tre Parche, 1904.

LE COSE CHE FANNO LA DOMENICA

L’odore caldo del pane che si cuoce dentro il forno.
Il canto del gallo nel pollaio.
Il gorgheggio dei canarini alle finestre.
L’urto dei secchi contro il pozzo e il cigolìo della puleggia.
La biancheria distesa nel prato.
Il sole sulle soglie.
La tovaglia nuova nella tavola.
Gli specchi nelle camere.
I fiori nei bicchieri.
Il girovago che fa piangere la sua armonica.
Il grido dello spazzacamino.
L’elemosina.
La neve.
Il canale gelato.
Il suono delle campane.
Le donne vestite di nero.
Le comunicanti.
Il suono bianco e nero del pianoforte.
Le suore bianche bendate come ferite.
I preti neri.
I ricoverati grigi.
L’azzurro del cielo sereno.
Le passeggiate degli amanti.
Le passeggiate dei malati.
Lo stormire degli alberi.
I gatti bianchi contro i vetri.
Il prillare delle rosse ventarole.
Lo sbattere delle finestre e delle porte.
Le bucce d’oro degli aranci sul selciato.
I bambini che giuocano nei viali al cerchio.
Le fontane aperte nei giardini.
Gli aquiloni librati sulle case.
I soldati che fanno la manovra azzurra.
I cavalli che scalpitano sulle pietre.
Le fanciulle che vendono le viole.
Il pavone che apre la ruota sopra la scalèa rossa.
Le colombe che tubano sul tetto.
I mandorli fioriti nel convento.
Gli oleandri rosei nei vestibuli.
Le tendine bianche che si muovono al vento.

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