PRÉ
Villa di Garda avril 1918
La terre
s’est voilée
de tendre
légèreté
Comme une jeune
mariée
offre
stupéfaite
à sa créature
la pudeur
souriante
de mère
PRATO
Villa di Garda aprile 1918
La terra
s’è velata
di tenera
leggerezza
Come une sposa
novella
offre
allibita
alla sua creatura
il pudore
sorridente
di madre
ON PORTE
Rome fin mars 1919
On porte
l’infinie
fatigue
de l’effort
occulte
de ce début
que chaque année
déchaîne la terre
SI PORTA
Roma fine marzo 1918
Si porta
l’infinita
stanchezza
dello sforzo
occulto
di questo principio
che ogni anno
scatena la terra
VAGABOND
Camp de Mailly mai 1918
En aucune
Partie
De terre
Je ne puis
Me caser
À chaque
Nouveau
Climat
Que je rencontre
Je me trouve
Languissant
Qu’autrefois
Déjà
J’y étais
Habitué
Et je m’en éloigne toujours
Étranger
En naissant
Revenu d’époques trop
Vécues
Jouir d’un seul
Instant de vie
Initiale
Je cherche un pays
Innocent
GIROVAGO
Campo di Mailly maggio 1918
In nessuna
Parte
Di terra
Mi posso
Accasare
A ogni
Nuovo
Clima
Che incontro
Mi trovo
Languente
Che
Una volta
Già gli ero stato
Assuefatto
E me ne stacco sempre
Straniero
Nascendo
Tornato da epoche troppo
Vissute
Godere un solo
Minuto di vita
Iniziale
Cerco un paese
Innocente
SEREIN
Bois de Courton juillet 1918
Après tant de
brume
une
à une
les étoiles
se révèlent
Je respire
le frais
que me laisse
la couleur du ciel
Je me reconnais
image
passagère
Prise dans un cours
immortel
SERENO
Bosco di Courton luglio 1918
Dopo tanta
nebbia
a una
a una
si svelano
le stelle
Respiro
il fresco
che mi lascia
il colore del cielo
Mi riconosco
immagine
passeggera
Presa in un giro
immortale
SOLDATS
Bois de Courton juillet 1918
On est comme
en automne
sur les arbres
les feuilles.
SOLDATI
Bosco di Courton luglio 1918
Si sta come
d’autunno
sugli alberi
le foglie.
Séquence extraite de L’allegria (1914-1919). Edition de référence: Vita d’un uomo. Tutte le poesie, a cura di Leone Piccioni, Mondadori, Milan, 1069. Traduction d’Olivier Favier.