« Je suis encore debout. Des paroles figées dans la décrépitude magnifique. Cette simple conscience que la vie est encore érigée dans l’instant, qu’importent les poussières qui tombent de mes ruines, vivre est toujours laisser une part de soi à la mort.
C’est de là que (j’écris) je parle…
De mes ruines. »
Jean-Luc Raharimanana
« De là où je parle, le scandale doit se justifier, le cri doit s’expliquer, et je ruse, je n’aborde pas de front les oreilles qui m’écoutent, je dois ménager les susceptibilités, ne pas traumatiser avec des histoires à l’africaine qui dérangent les consciences, mes mots dansent n’est-ce pas ? Quelle incroyable inventivité ! La fusion de l’oralité et de l’écriture ! La rencontre des traditions et de la modernité ! Je peux même rajouter que je suis d’une île, les vagues, les océans, la houle et la fureur, les cyclones, la rencontre des cultures et des races –ô pardon, les races n’existent pas, la rencontre des populations, les brassages, le métissage, la créolisation, littérature-monde qui réinventera le monde, un monde fou de tolérance et de partage, toutes les langues en face de soi, « et ta gueule tu la fermeras ! ». »
Jean-Luc Raharimanana
« Étrange comme le bourreau de ces siècles, par le miracle du don et du prodige s’est mué en sauveur impuissant, impuissant face à mon incapacité à accepter le progrès, impuissant face à mes guerres intestines, à mon refus de tout, de la démocratie, de la bonne gouvernance, de tout ce bazar mondialiste. Car bien sûr, l’esclavagiste s’est fait abolitionniste, l’ancien colon, du jour au lendemain, fut le messie. »
Jean-Luc Raharimanana
Rubriques : Théâtre-récit |
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