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Le chat de Schrödinger, par Francis Harvey.

« Alors je travaille pour l’oubli, à écrire
ce qu’on ne lit pas, juste pour ressentir
ce que c’est qu’être mort tout en étant vivant. »

Francis Harvey

Holocauste de l’automne (extraits), par Desmond Egan.

« avec le sentiment d’avoir tous perdu
une part de ce que nous aurions dû être »

Desmond Egan

Dies irae, par Aldo Zargani.

« Si nous nous racontons les uns aux autres la période qui fut celle du plus grave conflit de l’histoire, nous qui l’avons vécu, nous sommes capables d’entrer dans les moindres détails, alors qu’il nous est difficile d’analyser avec la même acuité ce qui s’est produit par la suite. L’après vit pourtant se succéder plusieurs phases, toutes inexplorées ou presque. Si on y pense, la première fut celle, brève et foudroyante, qui suivit le grand silence de la fin des combats : les jours de colère. »

Aldo Zargani

Mémoire littéraire, mémoire historique. Entretien croisé sur l’Italie des lois raciales (1938-1945), avec Marie-Anne Matard-Bonucci et Aldo Zargani.

« Pourquoi Graziani, auteur de massacres en Éthiopie et en Libye, ne fut jamais extradé comme le furent Kappler, Reder et tant d’autres? Pourquoi l’Italie a-t-elle oublié les massacres de la Croatie? Et voilà qu’aujourd’hui les post-fascistes essaient de mettre les massacres des Foibe sur le même plan que la shoah! »

Aldo Zargani

Une réalité subjective, entretien avec Aldo Zargani.

« La mémoire est fragile parce qu’elle est dynamique, elle change avec le temps, et elle s’éloigne imperceptiblement de la vérité objective. Aussi je crois qu’une véritable autobiographie est tenue de « se constituer en roman » pour pouvoir évoquer comment ont été vus, en une époque désormais lointaine, les faits alors qu’ils se produisaient et qu’ils étaient aussitôt reflétés dans l’esprit d’un enfant. Cela m’oblige à raconter ce que je lis à l’intérieur de moi sous la forme d’un roman et, dans le même temps, à me donner tort lorsque c’est nécessaire. »

Aldo Zargani

La fuite, par Guadalupe Grande.

« J’ai fui, c’est vrai. Et puis après…
Fuir est un naufrage,
une mer sur laquelle tu cherches ton visage, inutilement,
au point de te changer en naufragé de sel,
cristal sur lequel brille la nostalgie. »

Guadalupe Grande

Et les chattes mettent bas, par Guadalupe Grande.

« Tu écoutes le chat Puis tu as vu un homme torse nu et sans bras au bord de la rue tu as frôlé la jambe perdue dans le pantalon replié sur la cuisse et tu as vu que la mort est un bouquet de roses en plastique attaché à un réverbère

et tu t’es demandée quel mot n’est pas une onomatopée indéchiffrable pour suivre l’obscurité »

Guadalupe Grande

Danger, par Carlo Bordini.

« c’est le petit matin maintenant sous peu j’irai accomplir un étrange travail occidental-
j’apprends à me laver à l’eau chaude, et à ne pas penser trop;
j’ai à présent la conscience d’être regardé, maintenant, je marche en me sentant regardé, c’est l’hiver;
maintenant c’est l’hiver, il fait beau, le printemps prochain sera encore hiver, il fera beau;  »

Carlo Bordini

Poussière, par Carlo Bordini.

« Je serai toujours un peu moins que celui que je suis,
et même, beaucoup moins. Poussière. J’ai beaucoup perdu.
Ce que l’on perd est irrécupérable, et si on le récupère il
est désormais dispersé, il ne rentre plus dans l’ordre préétabli
des choses.  »

Carlo Bordini

La simplicité, par Carlo Bordini.

« Même si je ne comprends pas grand chose à la photographie, j’ai toujours pensé que Ghirri était un génie. Je le lui ai dit une fois, en fait, que je pensais qu’il était un génie. Il s’est un peu caché et il a dit: -Allons donc! mais on voyait qu’il y croyait et qu’il était content, il a fini par dire: -Mais bien des gens ne me comprennent pas. À cette époque l’idée que quelqu’un ne le comprenne pas me semblait impossible, et quoi qu’il en soit je lui ai dit vraiment ainsi: -Tu es le seul génie que je connaisse. »

Carlo Bordini, 1992.