Si vous le questionnez, il vous répond que ces montages étranges sont autant de clins d’œil cinématographiques. Et pour en témoigner, il y a un lion qui baille sur une photographie. Il n’a utilisé qu’un objectif standard, car le grand-angle distancie tout. Puis il a superposé les tirages sur son ordinateur, jouant de la vision première. Après coup, l’ambiguité de l’image fixe lui est apparue comme un ressort inconscient. Entre les déclenchements -trois, cinq, six, sept ou neuf- il a dû s’écouler une seconde ou plusieurs. Ainsi, sur la rive du fleuve, un homme apparaît deux fois, il faut le savoir pour le voir, ou du moins le chercher.
François Folcher a découvert l’Afrique en 1994, mais ses panoramiques sont liés à deux longues traversées, cinq mois en tout, en 2003 et 2005. Ils couvrent plusieurs pays, et leur petit nombre ne suffit pas à leur donner un sens documentaire. Pour autant, ils font naître quelque chose d’immédiat. Dans chacun d’eux, il semble que la terre se soulève et vacille, comme les trompes des éléphants à l’annonce d’un danger lointain. Des hommes et des femmes sont absorbés dans des efforts impénétrables, une caravane traverse le désert, une éolienne semble posée à la seule fin de rafraîchir les quelques arbres qui l’entourent. Tous ces éléments appartiennent à des décors classés, immédiatement reconnaissables, et pourtant chaque regard qu’on leur porte nous informent sur ce qu’ils sont, qu’il nous paraît découvrir.
Un simple coup de vent suffit à bousculer l’équilibre du monde -comme l’horizon changeant d’un appareil tenu à main levée. Je ne sais si, à contempler ces images, le sentiment de fragilité l’emporte sur la sobriété d’un art qui touche à sa maturité. Peut-être n’y a-t-il pas ici de vraie contradiction.
Olivier Favier, octobre 2010.
Du mercredi 17 Novembre au lundi 23 Novembre (inclus) de 13h30 à 18h30.
Entrée sur cour, 14 rue des Jardins Saint Paul ou 15 rue Saint Paul 75004
Merci à Pierre Durieu -librairie Mazarine- pour m’avoir fait découvrir l’œuvre de François Folcher.