Dans les rues les plus animées de Londres, les magasins se serrent les uns contre les autres, et derrière leurs yeux de verre sans regard s’étalent toutes les richesses de l’univers, châles indiens, revolvers américains, porcelaines chinoises, corsets de Paris, fourrures de Russie et épices des Tropiques ; mais tous ces articles qui ont vu tant de pays portent au front de fatales étiquettes blanchâtres où sont gravés des chiffres arabes suivis de laconiques caractères –L, s, d (livre sterling, shilling, pence). Telle est l’image qu’offre la marchandise en apparaissant dans la circulation.
Extrait de Contribution à la critique de l’économie politique, préalablement cité par Jean Baudrillard, La société de consommation, Paris, Gallimard, 1970.