Complainte d’un autre dimanche, par Jules Laforgue.

 
C’était un très-au vent d’octobre paysage,
que découpe, aujourd’hui dimanche, la fenêtre,
avec sa jalousie en travers, hors d’usage,
où sèche, depuis quand ! Une paire de guêtres
tachant de deux mals blancs ce glabre paysage.

Un couchant mal bâti suppurant du livide ;
le coin d’une buanderie aux tuiles sales ;
en plein, le val-de-grâce, comme un qui préside ;
cinq arbres en proie à de mesquines rafales
qui marbrent ce ciel crû de bandages livides.

Puis les squelettes de glycines aux ficelles,
en proie à des rafales encor plus mesquines !
ô lendemains de noce ! ô brides de dentelles !
Montrent-elles assez la corde, ces glycines
recroquevillant leur agonie aux ficelles !

Ah ! Qu’est-ce que je fais, ici, dans cette chambre !
Des vers. Et puis, après ! ô sordide limace !
Quoi ! La vie est unique, et toi, sous ce scaphandre,
tu te racontes sans fin, et tu te ressasses !
Seras-tu donc toujours un qui garde la chambre ?

Ce fut un bien au vent d’octobre paysage…

Vaux-le-Vicomte, 2011. Photo: Olivier Favier. Tous droits réservés.

Vaux-le-Vicomte, 2011. Photo: Olivier Favier. Tous droits réservés.

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