Mot-clé : Giuseppe Pinelli

Marco Tullio Giordana et le roman d’un massacre, par Olivier Favier.

« À près de quarante années de distance, il serait temps de renverser les phrases toujours répétées de Pier Paolo Pasolini. Nous ne savons pas, non, nous ne saurons jamais. Nous ne savons pas, mais nous avons des preuves. Des preuves que beaucoup ont menti, mentent et mentiront encore tant que des menaces continueront à peser sur leur vie, qu’ils auront intérêt à le faire, par orgueil ou par simple habitude. Que tout ce qui pourrait sembler acceptable pour un État démocratique et une société civile ne résiste à aucun examen sérieux. Que les historiens comme les juges sont demeurés impuissants à rendre une vérité qui gît seulement dans notre imaginaire. Dans le laboratoire des années 70, l’Italie toute entière s’est changée en roman. »

Olivier Favier

Le juge, l’historien, le politique, par Philippe Audegean.

« Il existe néanmoins une vérité sur ce qui s’est passé au cours de cette nuit-là, et sur l’enchaînement des événements ayant conduit à la chute et à la mort de Pinelli. Cette vérité est la vérité judiciaire : la vérité du juge. Dans le domaine du droit, la vérité d’un fait est la vérité de la chose jugée, autrement dit le contenu de la décision judiciaire, de la sentence définitive ou de l’arrêt. Ce qui a été jugé est en effet revêtu d’une autorité qui lui confère la force de la vérité par présomption de la loi. Que dit cette vérité ? Suite à une plainte déposée par la veuve de Pinelli, le parquet de Milan a saisi un juge d’instruction qui, au terme d’une longue enquête qui s’est achevée en 1975, a prononcé une ordonnance de non-lieu. Selon cette ordonnance, Pinelli a été victime d’un « malaise actif » (en italien, malore attivo). Non pas un malaise « passif », qui l’aurait amené à se laisser aller, à tomber dans les pommes, mais un malaise « actif », et même « super-actif », ironise Sofri dans Les Ailes de plomb, puisqu’il l’a amené à se jeter activement par la fenêtre.

Philippe Audegean