“L’été, pour moi, c’était les colonies de vacances Fiat, autrement dit la prison. Durant les longues heures en cellule, ou celles passées au grand air, des légendes circulaient parmi nous, les enfants. L’une d’elles disait que le Paradis existait, là tout près. Une colonie où les enfants étaient bien habillés, avaient une “demoiselle” pour six ou sept, au lieu d’une pour trente, une demoiselle qui ne pleurait pas toute la journée, qui était même contente d’être là. Les enfants y mangeaient bien, assis autour de petites tables, ils pouvaient se baigner sans coups de sifflet, écrire des lettres qui ne seraient pas lues avant d’être envoyées, ils pouvaient… lire! On ne pouvait pas lire à la colonie Fiat. On ne pouvait pas non plus écrire et quinconque tenait un journal devait le faire en cachette et trouver à tout prix un endroit où le cacher, vu que nous n’avions pas les clés de nos casiers, le nécessaire de toilette y rentrait déjà difficilement du reste. Là, au Paradis, on disait que les enfants avaient une petite armoire. Avec la clé. Ce paradis, c’était la colonie Olivetti. »
Laura Curino