Au commencement de l’année 1844, me trouvant dans l’une de ces dispositions bizarres où le déplacement devient une loi de notre nature, je me résolus à entreprendre, au sein de Paris même, un voyage à vol d’oiseau, n’ayant pour tout compagnon de route que Germain Brice, lequel dédia la préface de son livre1 à Son Altesse Sérénissime le duc régnant de Brunswick et de Lunebourg, et s’occupa de décrire le Paris de Louis XIV et de Louis XV en véritable antiquaire.
Germain Brice était un maître de la langue française, qui servait aussi, par contre-coup, de cicerone aux étrangers voyageant à Paris. Il gagna, assure-t-on, à ce métier productif, une existence assez ronde. Il me semblait le voir, orné de la perruque sacramentelle que porta le grand roi lui-même, trotter d’un pas alerte devant la chaise à porteurs de quelque Allemand naïf, et prisant bientôt familièrement dans sa tabatière en lui parlant de M. de Vaugelas. La première apparition de son livre eut lieu en 1684, à Paris même; l’année suivante on le contrefaisait à la Haye. Germain Brice devait enseigner à l’étranger mille belles traditions dont, hélas! il ne reste plus vestige; il lui apprenait le fin du fin, comme dit Cathos des Précieuses. Dans la même journée, il était bien homme à lui montrer à la fois la place Royale et Ninon de l’Enclos, l’hôtel de Rambouillet et la Comédie, l’hôtel de Soubise et le cours de la Reine, le pont Neuf et les illustres logés sous la grande galerie du Louvre aux frais du roi. Dans ce beau palais, où Germain Brice avait ses entrées, l’étranger causait avec Coustou, le sculpteur, et Boule, l’ébéniste; il voyait à la fois Nicolas de Launay, orfèvre du roi, et Coypel, le peintre, et Paraub, l’arquebusier; Mansart, Louis le Vau, Lebrun, et tout ce que ce siècle miraculeux possédait d’artistes honorés de la confiance du maître. S’il passait de là aux perspectives vénitiennes du Palais-Royal, on aux magnificences de l’Opéra, il devait, ce nous semble, de larges remerciements à Germain Brice, à ses jambes, à son livret! Cependant le Paris d’alors était loin d’offrir les ressources d’aujourd’hui, et comme Mascarille, on y imprimait souvent ses souliers en boue. Les quais n’étalaient pas cette symétrie admirable qui plaît tant aux bouquinistes, et malgré la colonnade du Louvre, plus d’une royauté splendide du beau siècle de Louis XIV rentrait chez elle le nez dans son manteau, en se rappelant la satire de Boileau sur les embarras de la capitale.
En ce temps de progrès où les omnibus existent, les cicérones, en revanche, n’existent plus. L’unique cicérone de nos jours, le plus simple, sinon le plus sûr, est le cocher de cabriolet.
Le cocher de cabriolet est un feuilleton à deux roues fort commode par son format. Lui seul vous dira où étaient situés l’hôtel de Créquy, celui de Longueville et celui de Montauzier, autrefois l’hôtel de Rambouillet. Il vous conduira rue Culture-Sainte-Catherine, à cette délicieuse façade de l’hôtel Carnavalet, où M. Verdot, l’instituteur, se contente de faire gagner des prix d’honneur à ses élèves bien après madame de Sévigné, qui y a gagné le prix du Style. Dites-lui d’aller au quai de la Tournelle, à l’hôtel Nesmond, et il ira; seulement, demandez-lui comment ce même hôtel porte encore l’inscription de propriété nationale, il ne pourra vous l’apprendre. Germain Brice eût mis pour vous son habit le plus incarnadin, et il vous eût dit: Voici, Excellence, une maison bâtie par Lulli, cette autre appartient à Germain Boffrand, architecte renommé; voici l’hôtel Louvois, l’hôtel de Ménars, l’hôtel de Grammont ou l’hôtel de Pontchartrain! Moi, je suis admis chez M. de Gèvres ou chez Samuel Bernard, je sais par cœur chaque vers et chaque fontaine de Santeuil; je vous dirai au juste où repose Nicolas Flamel, et où l’on garde le cœur de Louis XIII; vienne un coup de pluie, et nous nous réfugierons dans la curieuse bibliothèque de l’hôtel de Lamoignon. L’hôtel de Luynes ou le cabinet de l’abbé de Broglio vous vont-ils ? ou voulez-vous voir la porte rustique qui est dans là rue Pavée?… Parlez, Excellence, je suis un de ces hommes rares que l’on eût jadis divinisés; je connais tout dans Paris, tout, depuis M. de Louvois jusqu’à l’allumeur de chandelles qui illumine chaque soir Molière. La bibliothèque de Paris et celle de Wolfenbüttel, que je sais par cœur, ne sont rien auprès de moi!
Ainsi eût parlé Germain Brice, et vous l’eussiez écouté comme son livre. C’est quelque chose de si admirable qu’un cicérone qui croit en lui! Ceux d’Italie ont trop peur de lâcher quelque bévue. Et puis, quelle condition humiliante que celle de ces antiquaires en plein vent! Ils cirent à la fois, le matin, vos bottes, comme facchini, et le soir vous conduisent à Saint-Pierre de Rome. Germain Brice était professeur de langue française; il courait le cachet, mais li plaisait. Il avait vu le jeu de Marion Delorme, et il avait assisté à un duel sous un réverbère de la place Royale: les deux ennemis se battaient pour un adverbe. Il ne faisait pas bon narguer la grammaire en ce temps-là.
Interpellé par moi au sujet de l’hôtel Pimodan, dont je me rappelais fort bien avoir remarqué la tablette de marbre, quai d’Anjou, mon cocher de cabriolet resta court.
– Vous voulez dire, sans doute, l’hôtel Lambert, mon bourgeois? reprit-il avec assurance.
Je n’étais pas en train d’entamer une discussion scientifique. Arrivé au numéro 17 du quai d’Anjou, je fis signe à mon automédon d’arrêter.
– Vous voulez dire l’hôtel des teinturiers? poursuivit-il, je passe souvent par là, et je vois couler devant cette maison des ruisseaux de toutes couleurs.
Les abords du vaste hôtel, portant sur sa plaque de marbre ce nom: Hôtel Pimodan, étaient loin en effet d’être fort beaux; une fumée épaisse, nauséabonde, s’échappait des caves aux larges portes ouvertes sur le quai d’Anjou comme autant de vomitoires. Bravant ces exhalaisons délétères, je pénétrai dans l’hôtel, non sans peine toutefois, car le portier avait la consigne. Ce portier avait dû vivre du temps de M. de la Reynie. Représentez-vous le cocher-fantôme de Scarron au pays des ombres2, sa toux seule put me convaincre qu’il existait.
Il ne tarda pas à m’introduire dans une cour de belle apparence, où triomphait l’herbe poussant dans les jointures du pavé. Cette cour est froide et triste. Deux lions massifs, placés aux coins de la grande porte, soutiennent une des extrémités de la façade du côté de la cour; toutefois cette sculpture est d’un bon style. De larges écuries forment le rez-de-chaussée du fond, dont le premier étage n’a rien que d’ordinaire et ne renferme pas une seule peinture. En tournant à droite, vous entrez dans la cage vitrée d’un escalier où l’on a pratiqué une volière. L’hôtel était désert, et nul oiseau ne chantait sous ces grillages. Le concierge faisait sonner en montant son trousseau de clefs, ce fut le seul bruit qui éveilla ces marches de pierre. J’arrivai à une porte en velours d’Utrecht jadis vert, mais qui me sembla alors d’un ton indéfinissable. Mon guide mit la clef dans la serrure, et je me trouvai bientôt dans une vaste pièce qui mérite l’attention.
Cette salle d’attente, qui a pu servir dans le temps de salle des gardes, est éclairée au levant par deux immenses fenêtres; l’ornement en était jadis doré, il a été reblanchi.
Le plafond représente Le Triomphe de la Vérité; on s’accorde à l’attribuer à Lafosse. La frise en est riche, mais le décor un peu lourd. Des amours, des génies et des enfants composent ses attributs; trois panneaux énormes flanquent le fond, passé au badigeon le plus pur. Les remaniements sont visibles en cette pièce, depuis le poêle en faïence jusqu’aux dalles de liais formant le parquet.
Nous passâmes de là dans la salle à manger de l’hôtel, où se voient de beaux Robert, et surtout deux panneaux consacrés, l’un à don Quichotte, l’autre à son écuyer pantagruélique3. Rien de plus charmant et de plus ingénieux que ces deux toiles évidemment postérieures au style italien des arabesques et des amours qui décorent la base de cette pièce, où la vasque de marbre d’une belle fontaine plaquée d’un masque de satyre attire l’œil du visiteur. Le salon qui fait suite est un prodige de travail et de splendeur; des fruits de Batiste, un panneau du milieu que l’on peut sans crainte donner à Lesueur, et surtout le plafond empreint de la touche chaleureuse de ce maître, lui donnent aujourd’hui un prix inestimable aux yeux de l’artiste. Deux portes en glaces répondent aux fenêtres du balcon, d’où la vue s’étend du côté gauche sur les Célestins et l’Arsenal, et du côté droit jusqu’aux larges confins du Louvre.
La chambre à coucher, d’un style riche et pâteux, possède un fort beau plafond et un raccourci de Lesueur, Le Sommeil. Elle a des camaïeux et des grisailles d’une bonne école. La dernière pièce de ce riche appartement consiste enfin dans un boudoir d’une délicatesse exquise, où les glaces de Bohême témoignent assez d’une date antérieure à celle de la manufacture due au génie de Fouquet, le surintendant. Des peintures mythologiques, des chiffres et des enroulements d’un grand effet donnent à ce boudoir un cachet si particulier, que la main tâtonne involontairement ces divins panneaux, jusqu’à ce qu’elle ait trouvé le ressort mystérieux de quelque porte secrète. Or, cette porte- même ne manque pas, et l’on veut que Lauzun, poursuivi par le couteau galant de la jalouse Mademoiselle, ait plus d’une fois profité de cette issue.
Ébloui devant de pareilles magnificences comme devant un riche écrin de Froment-Meurice, l’habile ciseleur, j’eusse toutefois cherché vainement à m’asseoir, l’appartement n’avait pas même une chaise. Aveuglés un moment par les radieuses effluves de ces plafonds, mes yeux devaient pourtant retomber sur des profanations encore récentes. C’est ainsi que je vis avec effroi les parois jadis dorées recouvertes d’un odieux empâtage, et que je pus lire sur un volet une formule du Codex. Une formule de droguiste tracée à la craie dans pareil lieu! Qu’avait donc à faire la gent pharmaceutique avec les peintures de Lesueur? Je ne remarquai pas sans frissonner l’angle de la rue des Lions-Saint-Paul, que l’on pouvait voir de ce balcon; c’est là que demeurait la Brinvilliers! Il serait piquant, pensai-je, qu’il eût logé ici, vis-à-vis d’elle, un chimiste comme Sainte-Croix! Ou bien serait-ce Lauzun qui soufflait de l’or en ce palais, et faisait de l’alchimie! Quoi qu’il en put être de toutes mes suppositions, je demeurais convaincu du passage d’un être singulier dans cet hôtel, quand le concierge voulut bien m’apprendre qu’un locataire s’y était amusé à faire des préparations chimiques. Cet acte de vandalisme pouvait étrangement compromettre ces magnifiques peintures; elles en ont été quittes pour quelques taches. L’odeur acre de la teinture n’a pas peu contribué à leurs souillures, mais les propriétaires de Paris sont ainsi faits, ils veulent avant tout faire des baux et s’assurer leurs pleins revenus. La difficulté d’une location pareille les effraye, de là une incurie profonde, résolue, pour tout ce qui la concerne. Je vous ai parlé du concierge qui m’escortait, c’était l’unique serviteur de cette maison, il ne l’avait pas quittée depuis son enfance, il demeurait seul chargé de ce lourd fardeau. Je ne sais pourquoi, malgré ses ténèbres et sa poussière, ce vieux palais vénitien, au bord de la Seine, me séduisit; mais en le quittant, je me promis de le revoir, et bientôt j’y vins rêver tous les jours.
Je ne fis pas même difficulté d’avouer en stances ce beau caprice.
Philis, ô pardonnez, ce n’est plus vous que j’aime!
Vraiment ce n’est plus vous, excusez ce blasphème,
yous cependant si belle et que j’aimai longtemps;
Non! c’est un morne hôtel, débris de l’ancien temps,
Qu’on aima comme vous, jadis, sous le vieux règne!
Il est bien loin de vous, mais la Seine le baigne.
Lauzun, le fier Lauzun y joua des monts d’or,
Son portrait rayonnant au mur flambloie encor.
On dirait, à le voir, du jeune et beau Fiesque!
Ce vieil hôtel dans l’île est une immense fresque
Dont rosaces, festons, astragales d’amour,
Comme en un grand ballet accomplissent le tour.
J’y vais depuis huit jours rêver… C’est tout un monde
D’oubli, de solitude et de splendeur profonde,
Une tombe dorée au bout du vieux Paris,
Mais enfin de la tombe on est parfois épris.
Dans celle-ci, d’ailleurs, je vois en robe à queue.
Des dames de la cour qui font bien une lieue
En chaise, en falbalas, afin de voir le bal
Que Lauzun va donner en ce salon royal.
Je vous y vois vous-même avec l’abbé Coulanges,
Je respire l’œillet qui sort de vos fontanges,
Un grave président, le président Lambert,
Y parle à vos côtés de Fouquet, de Colbert,
Tandis qu’avec amour une docte marquise,
La Sévigné, caresse auprès du feu Marphise.
Du jet de vingt cristaux le plafond est ardent,
Voici tous les héros de l’hôtel Pimodan:
Gruyn, Hervart, Ogier, Grandmaison et vingt autres
Illustres financiers qui valaient bien les nôtres,
Que Rigaud, Largillière ont peints sur ces panneaux.
Voyez! la cour d’honneur ruisselle de flambeaux,
Et la Seine déjà reflète en gerbes folles
Le lustre de l’hôtel aux mille girandoles!
Puis la fête s’éteint aux premiers feux du jour,
Comme tout doit s’éteindre, hélas! même l’amour!
Ainsi m’étais-je passionné pour cette ancienne demeure.
En apprenant que Lauzun et le marquis de Richelieu avaient tous les deux passé par là, que le constructeur de cet hôtel avait été le héros d’une sombre et tragique histoire, que tout ce qu’il y avait eu de beau, de noble et de brillant dans le grand siècle avait dû fouler les parquets de l’hôtel Pimodan, que Bossuet et le père Feuillet de l’Oratoire y avaient enfin converti madame de Lauzun, la mère, je m’applaudis du choix de cette retraite devenue pour moi une étude. Ici venaient mourir les derniers bruits de la capitale, car en ce lieu les artères de Paris cessent de battre, la vie s’en est retirée. J’avais lu la veille le Rancé de M. de Chateaubriand, et, bien que cet hôtel désert ne fût pas la Trappe, j’y entrais avec le trouble d’une grande résolution. La bienveillance de quelques artistes m’encouragea vis-à-vis de mes censeurs; les premiers regardaient mon entrée dans cet hôtel comme un bienfait, les seconds comme une profanation. Je reçus un matin la carte de visite suivante, elle était signée du nom de Méry:
Ce grand hôtel aristocrate
Par Lauzun vous était promis,
Et vous pouvez, mieux que Socrate,
Le peupler de tous vos amis.
La presse parisienne, cette fée de tous les baptêmes, voulut assister à celui de l’hôtel Pimodan, elle fit le voyage de l’île Saint-Louis et fouilla l’hôtel de fond en comble. Elle en parla à la hâte et commit nombre d’erreurs. Heureusement le propriétaire actuel est un homme d’érudition, il se pique beaucoup de gravures rares, de vieux livres. Il eut la bonté de me communiquer quelques notes à l’aide desquelles je parvins à reconstruire la physionomie de son hôtel, puis à là fondre en deux drames séparés.
C’est le premier de ces drames que j’offre aujourd’hui à la curiosité du lecteur. Il s’appuie sur une donnée du temps de Louis XIII. Son héros fut le véritable et unique fondateur de l’hôtel Pimodan.
Après lui, arrivent en première ligne, comme propriétaires, Lauzun et le marquis de Richelieu.
De 1709 à 1774, époque de la mort de Louis XV, on ne rencontre aucun nom éclatant dans les propriétaires de l’hôtel de l’île.
Ce que nous pouvons affirmer d’après des documents authentiques, c’est qu’il fut acheté vers 1780 par M. Rarecourt de la Vallée, marquis de Pimodan, et officier supérieur de cavalerie.
Il porta dès lors le nom de Pimodan qui figure encore sur sa plaque de marbre. Ce nom est celui d’une famille chère à tous les hommes d’honneur à plus d’un titre.
Par suite de partage entre les enfants du marquis de Pimodan, l’hôtel devint la propriété de M. le comte de la Violaye son gendre, fils du marquis de la Violaye, dernier président des états de Bretagne.
Une tradition suspecte donnerait à croire que M. de la Violaye, durant la terreur, aurait été caché dans l’un des égouts de l’hôtel pour échapper aux bourreaux: M. de la Violaye passa cet horrible temps dans les prisons de Nantes, telle est l’exacte vérité. Il fut même embarqué sur les fameux bateaux à soupapes, mais il eut le bonheur de s’évader.
La révolution française respecta, chose étrange les murs et les fresques de l’hôtel Pimodan; les septembriseurs l’oublièrent. Aujourd’hui, les plafonds de Lesueur et de Lafosse y brillent encore de tout leur éclat. Un auditeur au conseil d’État, M. J. Pichon, s’en est rendu l’acquéreur, et il le conserve avec un soin qui mérite tout éloge. Ressusciter un pareil cadavre après Lauzun serait impossible. M. J. Pichon s’est contenté de l’embaumer de son mieux.
À quelques pas de l’hôtel Lambert, où la bienfaisance invente des fêtes, où Lebrun rayonne, éclate, éblouit, l’hôtel Pimodan ressemble à l’un des chartreux de Lesueur; sa nuit est profonde, ses dalles mornes, sa cour remplie d’herbes. Peut-être, à défaut de nous, hôte rapide qui n’avons fait qu’y passer, trouvera-t-il un jour quelque Anglais épris de Buckingham et de Lauzun, pour lui rendre son ancienne vie. Le Pactole des poètes et des artistes ne suffit pas à ce riche et vieux palais Dieu le garde seulement d’un nouveau droguiste pour locataire! La fumée qui sort de ses alambics grossiers avait failli déjà lui nuire; ses dorures en ont souffert. Nous exprimons le vœu que cette noble demeure ne sorte pas des mains dans lesquelles on la retrouve, ou qu’elle ne passe à d’autres que pour revêtir son antique robe de splendeur! L’hôtel Lambert abrite une royauté déchue, une famille décapitée d’une partie de ses revenus par l’empire russe l’hôtel Pimodan devrait se voir un jour converti en un musée où s’abriterait le génie de Lesueur. Les toiles de ce maître peupleraient la nudité de ses grands murs. En 1832, nous signalâmes des premiers, dans la préface d’un roman4, l’hôtel de Cluny à l’attention des artistes; le gouvernement vient d’en faire l’acquisition. La fortune des particuliers est impuissante à relever des monuments de pareille nature; leur parcimonie devient une faute. Signalons seulement ce fait Paris ne possède plus à cette heure que trois hôtels dont la conservation étonne, l’hôtel de Soubise, l’hôtel Lambert et l’hôtel Pimodan.
Roger de Beauvoir, Les mystères de l’Île Saint-Louis, 1859 -nouvelle édition Phébus, Paris, 2008 (feuilleter l’ouvrage).
Pour aller plus loin:
- Germain Brice, Description de la ville de Paris et de tout ce qu’elle contient de plus remarquable.
- L’ensemble des images prises par Eugène Atget de l’Hôtel de Lauzun.
- Le site de Vincent Delaveau, un conférencier national qui a organisé et organisera peut-être de nouveau des visites à l’Hôtel de Lauzun. L’Hôtel est exceptionnellement ouvert à la visite pour les Journées européennes du patrimoine, les 17 et 18 septembre 2011.
- L’Hôtel Pimodan ou Hôtel Lauzun. (D’après Chroniques et légendes des rues de Paris. Édouard Fournier, 1864) sur le site Le Paris pittoresque.
- L’hôtel de Lauzun décrit par Théophile Gautier.