Guerre d’expansion menée à contretemps de l’histoire, à une époque où les prémisses de la décolonisation apparaissaient dans plusieurs des Empires, la conquête de l’Éthiopie fut la seule entreprise coloniale d’Outre-mer menée par une puissance totalitaire1. Guerre coloniale, elle fut aussi nationale et totale par l’ampleur de la mobilisation des Italiens sur le plan militaire, politique et idéologique. Guerre du fascisme ou guerre fasciste? Cette question sera abordée ici au prisme de la violence, moins pour dresser un inventaire des crimes et massacres perpétrés en Abyssinie, bien connus grâce à l’historiographie des trente dernières années que pour questionner les effets de la rencontre entre l’arbitraire du totalitarisme fasciste et «l’exception permanente» de la domination coloniale2. Déjà expérimentée par le fascisme, à grande échelle, en Libye et en Somalie, la violence, en Éthiopie, fut d’abord le moyen de soumettre et de dominer, comme dans d’autres contextes coloniaux. Toutefois, en observant ses modalités d’administration, du sommet de l’État à ses exécutants, il apparaît que la violence fut parfois une fin, voire une valeur en soi. Le point de vue des acteurs de telles pratiques, pour l’essentiel des militaires, doit être mis en perspective dans son environnement discursif -textes produits par les hiérarques fascistes, presse, propagande. Il sera également examiné dans les directives et rapports des militaires chargés de mettre en œuvre cette politique de terreur.
Les gaz, métaphore des violences extrêmes?
Pendant plusieurs décennies, après la chute du fascisme, l’Italie évita d’affronter la dimension criminelle de son passé colonial. Pourtant, à l’issue de la Seconde guerre mondiale, l’ancienne colonie avait demandé que l’Italie répondît de ses actes devant la justice internationale. Seul le Maréchal Graziani fut inquiété, lors d’un procès qui ne concernait pas son action coloniale mais la collaboration avec l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans l’Italie républicaine, la mémoire dominante imposa l’image d’un fascisme bon enfant dans les colonies3.
La question de l’usage des gaz asphyxiants est emblématique à plus d’un titre. Elle résume à elle-seule la position de déni de l’État italien et de la société quant aux pratiques de violences extrêmes dans les colonies. Il fallut attendre 1996 pour que le Ministre de la défense reconnût enfin l’usage de «bombes aériennes et de projectiles d’artillerie chargés d’ypérite» mettant fin, sur cette question, à plus de cinquante ans de mensonge d’État.
Ce processus d’amnésie collective peut sembler d’autant plus étonnant que dès 1937-1938, de nombreuses sources dignes de foi permettaient d’instruire le dossier. Dans une étude très minutieuse publiée en 1938, le juriste Charles Rousseau écrivait sans détour: «Il est malheureusement acquis qu’au mépris flagrant de ses engagements internationaux, le Gouvernement italien a utilisé l’arme chimique au cours de la campagne d’Éthiopie, dans des conditions sans précédent par l’ampleur, l’intensité et l’esprit systématique qui présida à son emploi.» Dans le même ouvrage il inventoriait d’autres pratiques de violation du droit de la guerre et des gens: bombardements aériens de villes ouvertes, d’hôpitaux et d’ambulances de la Croix-Rouge; politique de répression particulièrement sauvage une fois l’Empire proclamé4. De fait, l’usage des armes chimiques ne représenta qu’un aspect des modalités multiples de la violence coloniale: exécutions sommaires, massacres de masse, déportation et mise en place d’un système concentrationnaire5
Si l’emploi des gaz n’était qu’un aspect parmi d’autres, presque secondaire, de la stratégie militaire, il éclaire cependant la nature de la guerre d’annexion. Mussolini voulait une victoire rapide, éclatante et écrasante. Le 30 décembre 1934, dans un document secret, il expliquait: «Une fois la guerre décidée, l’objectif ne peut être que la destruction des forces armées abyssines et la conquête totale de l’Éthiopie. L’empire ne se fait pas autrement.»6
Le duce n’attendit pas le voyage de Laval à Rome, en janvier 1935, et les propos jugés rassurants qui furent échangés alors, pour préparer les opérations militaires. Entre l’incident d’Ual-Ual du 5 décembre 1934 et le déclenchement de l’invasion, le 3 octobre 1935, le régime se prépara activement à la guerre. Pendant ces quelques mois, soldats, chemises noires et ouvriers attachés à l’armée affluèrent en Somalie et en Érythrée. Pour anéantir l’armée du Négus, le fascisme mobilisa des moyens logistiques et humains considérables, sans proportion avec ceux de l’adversaire. Au moment de l’attaque, 330 000 soldats italiens, 87 000 askaris –les soldats coloniaux–, 100 000 travailleurs opérant pour l’armée, 250 chars, 350 avions étaient prêts à être mobilisés7.
La démesure des moyens répondait, en premier lieu, à la volonté de faire aboutir un rêve colonial ancien, la situation internationale apparaissant plus propice que jamais depuis que l’Allemagne hitlérienne avait entrepris de déstabiliser l’ordre de Versailles8. La guerre d’Éfut la première étape de la politique de puissance impériale de l’Italie fasciste. Elle se poursuivit en Espagne, puis lors de la Seconde Guerre mondiale avec l’ambition de créer un «nouvel ordre méditerranéen»9.
En attaquant un État souverain, membre de la Société des Nations, l’Italie prenait le risque d’être placée en position d’accusée sur la scène internationale. Un risque calculé, le chef du fascisme pariant que la France et l’Angleterre se contenteraient d’une simple protestation. Le pari de Mussolini était paradoxal: il comptait sur l’indifférence relative des démocraties face à un conflit colonial alors qu’à ses yeux, et pour nombre de fascistes, l’Éthiopie représentait bien plus que cela. Sous-estimant l’effet de «caisse de résonance» du contexte diplomatique créé par l’Allemagne, il ne put empêcher la perception de l’agression pour ce qu’elle était, une guerre fasciste. En agressant un État membre de la Société des Nations, l’Italie bouleversait à son tour l’équilibre international né dans l’après-guerre, découvrant un peu plus le visage belliciste des dictatures totalitaires.
Au-delà du caractère illégitime de l’agression, la nature même des violences de guerre fut en débat. La guerre d’Éthiopie suscita une polémique internationale dont l’ampleur peut surprendre en regard de la discrétion qui avait entouré, dans le passé, nombre de massacres Outremer, et notamment dans les colonies italiennes10. En Libye, pour lutter contre la Résistance, le pouvoir fasciste avait déporté et interné les populations dans des camps de concentration, provoquant un véritable génocide11. Cesare De Vecchi avait gouverné la Somalie avec une brutalité extrême12. Parfois dénoncée par les antifascistes, répression coloniale fasciste n’avait, jusque-là, jamais suscité de véritable mouvement de solidarité internationale13.
La question de l’emploi des armes chimiques fut une composante majeure de la controverse. Le 30 décembre 1935, l’Empereur Hailé Sélassié dénonça pour la première fois l’emploi par l’Italie de gaz asphyxiants auprès de la Société des Nations14. «En plus des violations par les Italiens des lois et coutumes de la guerre qui ont déjà été rapportées à la Société des Nations, ils ont, lors de leur retraite récente dans le Shire et dans le Tembien, brûlé les églises et procédé à l’extermination systématique de la population civile. Maintenant, le 23 décembre, ils ont fait usage contre nos troupes, dans la région du Takkazé, des gaz asphyxiants et toxiques, ce qui constitue une adjonction à la liste déjà longue des violations par l’Italie de ses engagements internationaux (…)». D’autres accusations furent portées par la suite, photographies à l’appui, étayées par des témoignages d’observateurs étrangers, de responsables de la Croix rouge Internationale présents en Éthiopie15
Interpellé par le Comité des Treize de la SDN, la puissance fasciste répondit en contestant la compétence juridique du Comité tout en dénonçant la désinformation orchestrée par les démocraties16. Dans ses Mémoires, le ministre des colonies, Alessandro Lessona, admit l’emploi de trois « petites bombes à gaz » sur les forces ennemies en représailles d’atrocités commises sur les militaires italiens17.
Les travaux historiques réalisés depuis n’autorisent pas le moindre doute: le recours aux gaz fut préparé, massif, voulu par Mussolini et destiné à terroriser les populations18. Dans les directives secrètes, déjà citées, du 30 décembre 1934, Mussolini envisageait une «supériorité absolue en matière d’artillerie et de gaz»19. En janvier 1935, le service chimique militaire avait effectué une visite en Érythrée pour sélectionner les armes chimiques les mieux adaptées au terrain. Deux types de gaz furent utilisés au cours du conflit: l’arsine, diffusé par l’artillerie et surtout l’ypérite, appelé aussi gaz moutarde, par le support de l’aviation, au moyen des bombes C.500.T20.
Le grand ordonnateur de la guerre chimique n’était autre que Mussolini lui-même, ses consignes évoluant au gré de la situation internationale21. Le 27 octobre 1935, il adressa ce télégramme à Graziani: «Autorise l’emploi des gaz comme moyen ultime pour écraser la résistance ennemie et en cas de contre-attaque». Le 16 décembre: «D’accord pour l’emploi des gaz dans le cas où Votre Excellence le jugerait nécessaire pour des raisons suprêmes de défense». Le 28 décembre à Badoglio: «Informations sur méthodes ennemies évoquées dans votre dépêche 630; j’autorise Votre Excellence à l’emploi, y compris à grande échelle, des gaz de toute nature et des lance-flammes». Le 5 janvier 1936, à Badoglio: «Suspendez l’emploi des gaz jusqu’aux réunions de Genève à moins qu’il ne soit rendu nécessaire par des nécessités supérieures offensives ou défensives. Stop. Je donnerai des instructions ultérieures». Trois jours plus tard, toute réserve était levée et à plusieurs reprises Mussolini invita ses généraux à employer «tous les moyens de guerre possibles» pour écraser l’ennemi22. Au printemps 1936, la justification défensive de l’emploi des gaz réapparut. Le 10 avril, il ordonna à Graziani de suspendre l’emploi d’armes chimiques «jusqu’à nouvel ordre» tandis que le 27 il les autorisait une nouvelle fois en excluant «l’ypérite»23.
La sinuosité des directives du duce montre la contradiction entre le désir d’une victoire immédiate et la volonté de sauver les apparences. L’Italie avait signé le protocole de Genève du 17 juin 1925, qui proscrivait l’emploi de l’arme chimique. Le risque d’aggraver le contentieux l’opposant à la communauté internationale était mis en balance avec les bénéfices que Mussolini escomptait de telles armes, jugées décisives pour leur potentiel de destruction24. En dépit du rapprochement toujours plus étroit avec l’Allemagne national-socialiste, le gouvernement italien n’avait pas encore coupé les ponts avec les démocraties et ne pouvait donc s’affranchir totalement les normes du droit de la guerre.
Ces tergiversations indiquaient aussi que le chef du fascisme ne considérait pas les gaz comme des armes tout à fait ordinaires, à la différence du Service chimique de l’armée italienne qui les présentait comme «un moyen de guerre comme tant d’autres, ni plus meurtrier, ni plus inhumain que les armes à feu et de très loin inférieur à celles-ci dans leur portée»25. Mussolini, lui, avait intériorisé l’idée que les gaz marquaient le franchissement d’un seuil de violence supplémentaire, idée largement répandue au sein des sociétés européennes. Le chef du fascisme ne pouvait ignorer la peur qu’inspirait en Europe la perspective d’une guerre chimique. Sur le terrain, la terreur était l’arme du fascisme. Sur la scène internationale, ce choix ne pouvait être assumé. Plutôt que de revenir aux règles du droit international, le fascisme répondit sur le terrain de la propagande, par une gigantesque bataille de l’information.
À l’étranger, d’efficaces contre-feux furent allumés pour répondre aux campagnes de mobilisation des antifascistes26. Dans la péninsule, la machine propagandiste atteint des niveaux d’efficience jamais atteints. Le ministère pour la presse et la propagande, en pleine expansion, coordonna habilement un discours assez homogène sur la politique impériale27. Dans les mois précédant le conflit, les journalistes avaient dénoncé avec véhémence l’arriération de la société éthiopienne. La presse fut alors inondée d’articles incriminant l’arriération des Éthiopiens «horde de tribus rétrogrades et esclavagistes, sans pouvoir central» suivant les propres termes de Mussolini28. L’esclavage était particulièrement dans la ligne de mire, son abolition ayant représenté l’une des conditions d’admission de l’Éthiopie à la Société des Nations29. L’accusation de barbarie était au cœur d’un réquisitoire destiné à justifier le conflit à venir comme une guerre de libération, une croisade, en somme, contre «les mutilations et le commerce des eunuques, la pratique de l’anthropophagie, les supplices d’enfants, la xénophobie, la cruauté du droit pénal» etc.30 Parallèlement à cette stratégie de dénigrement de l’Éthiopie, «les besoins vitaux du peuple italien» et les droits de l’Italie à l’expansion coloniale étaient sans cesse réaffirmés31.
Le 2 octobre 1935, dans le discours dit «de la mobilisation», allocution radiodiffusée dans la plupart des villes d’Italie, Mussolini ne jugeait plus nécessaire d’évoquer une quelconque mission civilisatrice: les droits historiques de l’Italie à une «place au soleil» suffisaient à justifier l’agression. Plus que jamais, dans la continuité du révisionnisme fasciste, la conquête éthiopienne devait réparer les injustices d’une «victoire mutilée», y compris sur le plan colonial32. L’Éthiopie n’existait plus que comme terre à conquérir, le problème de la population ne se posant plus que militairement.
Pendant la guerre, la presse et les médias construisirent méthodiquement le récit exaltant de l’épopée coloniale tout en mobilisant contre l’injustice de la politique de sanctions, voulues par les puissances coloniales nanties. Dans le même temps, une contre-offensive visait à dénoncer, avec un grand luxe de détails, les atrocités commises par les Éthiopiens. Une controverse surgit autour de l’emploi par les Éthiopiens de balles à explosion –ou balles dum-dum, de fabrication anglaise, dont l’usage était prohibé par les conventions internationales33. Quelques cas d’éviration de cadavres, pratiques attestées chez certaines formations coloniales, furent également, suivant un procédé éprouvé, portés en épingle, la barbarie des Éthiopiens, étant destinée à légitimer les violences du camp d’en face34.
Version manuscrite du texte paru in Revue d’Histoire de la Shoah, n°189, Juillet-décembre 2008, p. 431-464. Titre original: « Violence coloniale, violence de guerre, violence totalitaire dans l’Éthiopie fasciste. »
(Deuxième partie)
Pour aller plus loin:
- La conquête de l’Éthiopie et le rêve d’une sexualité sur ordonnance, par Marie-Anne Matard-Bonucci.
- La guerre d’Éthiopie, un inconscient italien, par Olivier Favier. Sur le mausolée au maréchal Graziani à Affile (août 2012), la naissance d’une littérature italophone et postcoloniale et le documentaire de Luca Guadagnino, Inconscio italiano (2011). Voir aussi: L’Italie et ses crimes: un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.
- Mémoire littéraire, mémoire historique, entretien croisé avec Aldo Zargani et Marie-Anne Matard-Bonucci, par Olivier Favier.
- Le fascisme, Auschwitz et Berlusconi, par Marie-Anne Matard Bonucci, Le Monde, 11 février 2013. Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’histoire contemporaine à Paris VIII, Institut Universitaire de France. Elle est également l’auteure de L’Italie fasciste et la persécution des juifs, Paris, Puf, 2012.
- P. Brooker, The face of fraternalism. Nazi Germany, fascist Italy and Imperial Japan, Oxford-New York, 1991. [↩]
- La formule est de Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser, exterminer: sur la guerre et l’État colonial, Paris, Fayard, 2005. [↩]
- Sur l’absence de Nuremberg à l’italienne et sur la mémoire tronquée du colonialisme italien, voir: Richard Pankhurst, “Italian Fascist War Crimes in Ethiopia: A History of Their Discussion, from the League of Nations to the United Nations(1936–1949)” Northeast African Studies, Vol. 6, No. 1-2 (New Series) 1999, pp. 83-140. Angelo Del Boca, L’Africa nella coscienza degli italiani, Rome-Bari, Laterza, 1992. Voir aussi Nicola Labanca, Oltremare. Storia dell’espansione coloniale italiana, Il Mulino, 2002, p. 427-471. [↩]
- Charles Rousseau, Le conflit italo-éthiopien devant le droit international, Paris, Pedone, 1938 (la citation est à la p. 169). Je remercie François Rousseau d’avoir accepté de me prêter le précieux ouvrage difficile à consulter lors de la rédaction de ce travail. Je remercie également Nicola Labanca pour les informations bibliographiques qu’il m’a signalées. [↩]
- Sur les camps coloniaux: N. Labanca, «L’internamento coloniale italiano», in Costantino Di Sante, I campi di concentramento in Italia. Dall’internamento alla deportazione, Angeli, Milan, 2001. [↩]
- Ce document est publié in A. Lessona, Memorie, Sansoni, Florence, p. 165-171. Aussi in Documenti diplomatici italiani, serie VII, vol. XVI, p. 366-369. [↩]
- N. Labanca, Oltremare, op. cit., p. 189. [↩]
- Enzo Collotti, Fascismo e politica di potenza. Politica estera 1922-1939, Milan, 2000. [↩]
- D. Rodogno, Il Nuovo Ordine Mediterraneo. Le politiche d’occupazione dell’Italia Fascista in Europe 1940-1943, Turin, 2003. [↩]
- Giuliano Procacci, Dalla parte dell’Etiopia. L’aggressione italiana vista dai movimenti anticolonialisti d’Asia, d’Africa, d’America, Feltrinelli, Milan, 1984. Denise Eeckaute, Michel Perret (dir.), La guerre d’Éthiopie et l’opinion mondiale 1934-1941. Actes du colloque de l’INALCO, 1984. [↩]
- N. Labanca, Oltremare, op. cit., p. 174-175. Pour la période 1911 et 1932, de conquête puis de «pacification» de la Libye, on évalue à environ 100 000 les victimes civiles et militaires de l’occupation italienne. [↩]
- N. Labanca, Oltremare, op. cit., p. 170-171. [↩]
- N. Labanca, Oltremare, op. cit., p. 151. [↩]
- Télégramme a été publié dans le Journal officiel de la Société des Nations, février 1936, Télégramme C.9.M.8 , 1936-VII. JO, p. 241. D’autres télégrammes émanant des autorités éthiopiennes dénonçant l’usage de gaz furent publiés par la suite. Journal officiel, avril 1936, «Allégations contre l’Italie», «Emploi de gaz toxiques», p. 370. [↩]
- Parmi ces témoignages, celui de Marcel Junod, responsable du Comité International de la Croix Rouge présent sur place ou encore celui de John Melly, Commandant du service d’ambulance en Éthiopie, sont particulièrement éclairants et consultables dans les archives de la SDN. Le témoignage de M. Junod fut publié après la guerre sous le titre Le Troisième combattant: de l’ypérite en Abyssinie à la bombe atomique d’Hiroshima, Payot, 1947. Sur les bombardements d’ypérite, ibid., p. 42-44. [↩]
- Le Comité des Treize était formé par le Conseil de la Société des Nations moins l’Italie. [↩]
- A. Lessona, Memorie, op. cit.,, p. 291-292. [↩]
- La première mise au point précise fut celle de Giorgio Rochat « L’impiego dei gas nella guerra d’Etiopia » in Rivista di storia contemporanea, 1988, n°1, p. 74-109. Ce texte a été republié in Angelo Del Boca, I gas di Mussolini, Il fascismo e la Guerra d’Etiopia, Riuniti, (1ère éd. 1996) rééd. 2007, p. 69-118. [↩]
- « Pour une guerre rapide et définitive mais qui sera dure, il faut de grands moyens. Aux côtés es 60 000 indigènes, il faut envoyer autant de métropolitains. Il faut concentrer au moins 250 appareil en Érythrée et autant en Somalie; 150 blindés en Érythrée et autant en Somalie. Supériorité absolue en matière d’artillerie et de gaz. Munitions en abondance». A. Lessona, Memorie…, .op. cit., p. 167-168. [↩]
- L’étude la plus fouillée sur le plan militaire et technique est celle de G. Rochat, « L’impiego … » art cit. [↩]
- Ces télégrammes ont été publiés par A. Del Boca, I gas…,op. cit., p. 38-52. Ils figurent également dans le Fonds Graziani consultable à l’Archivio Centrale dello Stato (ACS). [↩]
- Télégrammes des 9 janvier à Graziani, 19 janvier à Badoglio, 4 février à Badoglio. [↩]
- Télégrammes à Graziani des 10 et 27 avril 1936. Le pouvoir ne renonça pas à l’usage des gaz après la proclamation de l’Empire. Le 29 décembre 1937, le Duc d’Aoste ayant remplacé Graziani comme Vice-roi d’Éthiopie, Mussolini ordonnait de prévoir l’aviation et les gaz pour réprimer la révolte qui menaçait en Amara. ACS, Carte Graziani, b. 52. Télégramme du 29 décembre 1937. [↩]
- L’Empereur d’Éthiopie affirma à plusieurs reprises que les gaz avaient permis aux Italiens de gagner le conflit. Les travaux actuels tendent à relativiser ce jugement, mettant l’accent sur la disproportion des moyens, dans tous les domaines, gaz compris. [↩]
- Rapport du Service chimique du Ministère de la guerre du 20 mars 1936 cité par G. Rochat, «L’impiego dei gas…», art. cit. [↩]
- L’Italie sut aussi se ménager des soutiens au sein des démocraties. Voir le reportage exemplaire, de ce point de vue, de l’aventurier journaliste Henry de Monfreid, Les guerriers de l’Ogaden, Gallimard, 1936. [↩]
- La menzogna della razza. Documenti e immagini del razzismo e dell’antisemitismo fascista, Grafis, Bologne, 1994. A. Mignemi, Immagine coordinata per un impero, GEF, 1984, Novara. [↩]
- Propos tenus devant le conseil des ministres le 28 août 1935. [↩]
- Dans les forums internationaux, l’Italie multiplia les accusations de ce type. Elles furent rassemblées dans le Mémoire du 4 septembre 1935, véritable réquisitoire contre le régime éthiopien. [↩]
- Cité in C. Rousseau, op. cit., p. 89. L’ethnologue français Marcel Griaule réfuta méthodiquement la plupart de ces accusations. [↩]
- Voir l’éditorial du Popolo d’Italia du 31 juillet 1935, publié in B. Mussolini, op. cit., vol X. [↩]
- L’idée que l’Italie avait été mal lotie, sur le plan colonial, lors des traités de 1919 était partagée également par des opposants à la conquête éthiopienne. Ainsi, Charles Rousseau écrivait: «On ne soulignera jamais assez les inconvénients de la solution adoptée à l’égard de l’Italie en 1919: exclure de la distribution des mandats coloniaux un peuple jeune, prolifique, confiné sur un pauvre, héritier d’une antique tradition de colonisation nord-africaine, lésée dans les répartitions coloniales du XIXe siècle, était une erreur autant qu’une injustice». Op. cit., p. 20. [↩]
- Le gouvernement britannique réfuta à plusieurs reprises les accusations italiennes identifiant les balles incriminées comme cartouches destinées à la chasse au gros gibier, ayant été utilisées par l’armée éthiopienne dans un contexte de pénurie de munitions. [↩]
- Des soldats italiens constituèrent des collections de clichés de l’horreur, dont la finalité interroge. Certaines montraient les effets des gaz sur des corps d’Éthiopiens. Voir les cahiers photographies présentés in A. Mignemi, op. cit., p. 201-215 et 228-243. [↩]