Déclaration VVV, par le groupe surréaliste à New York.

 

VVV

c’est,  V+V+V. Nous disons … – … – … –
c’est, non seulement

V comme un vœu -et énergie- de revenir à un monde habitable et concevable, Victoire sur les forces de régression et de mort aujourd’hui invaincues sur la terre, mais aussi V derrière cette première Victoire, car ce monde ne peut plus, ne devrait plus être le même, V sur ce qui tend à perpétuer l’esclavage de l’homme par l’homme,

et derrière cela

VV  de cette double Victoire, V sur tout ce qui s’est opposé à l’émancipation de l’esprit, dont la première et indispensable condition est la libération de l’homme,

d’où

VVV vers l’émancipation de l’esprit à travers ses étapes nécessaires: c’est seulement en cela que notre activité peut reconnaître sa fin

ou encore:

on sait qu’au

V qui signifie la Vue autour de nous, les yeux tournés vers le monde extérieur, la surface consciente,

certains d’entre nous n’ont cessé d’opposer

VV la vue en nous,  les yeux tournés vers le monde intérieur et les profondeurs de l’inconscient,

d’où

VVV vers une synthèse, en un troisième terme, de ces deux Vues, le premier V avec son axe sur le MOI et le principe de réalité, le second VV sur le SOI et le principe de plaisir – la résolution de leur contradiction tendant seulement à l’expansion continuelle et systématique du champ de la conscience

vers une vue totale,

VVV

qui traduise toutes les réactions de l’éternel sur l’actuel, du mental sur le physique, et rende compte du mythe en cours de formation sous le VOILE des événements.

 

Traduit par Olivier Favier.

Ce manifeste a été publié dans les trois numéros -dont un double- de la revue VVV: numéro 1 (juin 1942), numéro 2-3 (mars 1943), numéro 4 (février 1944). La couverture du premier numéro (ci-dessous) est de Max Ernst, les deux autres furent réalisées respectivement par Marcel Duchamp et Roberto Matta.

vvv

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