« Une maladie : l’effet Bosnie. Cette terre, cette guerre ne te quittent plus. Des noms, des documents, des dates, des images. Des voix.
Une guerre pleine d’histoires.
Des voix, des noms, des documents, des dates, des images. Une ville… une ville parmi tant d’autres : exemplaire.
Une petite ville de Bosnie orientale : Srebrenica.
Alors j’ai fait comme lorsque j’étais petite, j’ai tout remis en ordre avec l’alphabet. Comme lorsque j’étais petite, je me suis mise sur la pointe des pieds et j’ai cherché les mots. »
Roberta Biagiarelli et Smona Gonella
« Je suis encore debout. Des paroles figées dans la décrépitude magnifique. Cette simple conscience que la vie est encore érigée dans l’instant, qu’importent les poussières qui tombent de mes ruines, vivre est toujours laisser une part de soi à la mort.
C’est de là que (j’écris) je parle…
De mes ruines. »
Jean-Luc Raharimanana
« De là où je parle, le scandale doit se justifier, le cri doit s’expliquer, et je ruse, je n’aborde pas de front les oreilles qui m’écoutent, je dois ménager les susceptibilités, ne pas traumatiser avec des histoires à l’africaine qui dérangent les consciences, mes mots dansent n’est-ce pas ? Quelle incroyable inventivité ! La fusion de l’oralité et de l’écriture ! La rencontre des traditions et de la modernité ! Je peux même rajouter que je suis d’une île, les vagues, les océans, la houle et la fureur, les cyclones, la rencontre des cultures et des races –ô pardon, les races n’existent pas, la rencontre des populations, les brassages, le métissage, la créolisation, littérature-monde qui réinventera le monde, un monde fou de tolérance et de partage, toutes les langues en face de soi, « et ta gueule tu la fermeras ! ». »
Jean-Luc Raharimanana
« Étrange comme le bourreau de ces siècles, par le miracle du don et du prodige s’est mué en sauveur impuissant, impuissant face à mon incapacité à accepter le progrès, impuissant face à mes guerres intestines, à mon refus de tout, de la démocratie, de la bonne gouvernance, de tout ce bazar mondialiste. Car bien sûr, l’esclavagiste s’est fait abolitionniste, l’ancien colon, du jour au lendemain, fut le messie. »
Jean-Luc Raharimanana
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Quelques réflexions préalables: Notes sur le théâtre-récit, par Olivier Favier. Ce que parler veut dire, notes sur une mise en scène, par Olivier Favier. Pour plus d’informations sur la scène italienne contemporaine, on consultera le site Italinscena. Voir aussi: Les nouvelles dramaturgies italiennes. Des tréteaux dont on fait les rêves, par Olivier Favier. MarcoLire la suite…
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« Dans la réalité, dans celle que par convention nous définissons comme telle, je ne suis jamais monté sur un cheval, je ne sais pas comment on fait, je ne sais rien de cette expérience. Et pourtant pendant toutes ces années j’ai vraiment chevauché, j »ai senti entre mes jambes le corps de mon cheval, j’ai sursauté dans le galop le plus effréné et dans le trot le plus doux, j’ai perçu l’odeur de l’animal, sa sueur dense comme du lait, j’ai vécu avec Kohlhaas la joie de voir au crépuscule la vapeur diaphane monter en fumant des corps échauffés des chevaux. »
Marco Baliani
« Vingt-cinq ans ont passé depuis ce 9 mai 1978.
D’Aldo Moro chacun de nous a fixé dans sa mémoire l’image d’un corps renversé entrevu par le coffre ouvert d’une voiture, une Renault de couleur rouge.
De Peppino Impastato, de cet homme de ma génération, ce camarade, de celui qui était allé mener sa bataille en Sicile, parmi les siens, luttant contre la mafia, de lui qui fut tué le même jour qu’Aldo Moro, aucune image n’est restée pour notre mémoire. Après vingt ans, par la confession d’un repenti de la mafia nous avons su enfin ce que nous imaginions tous depuis longtemps, que ce sont ceux du clan Badalamenti qui ont tué Peppino Impastato, ceux-là même qu’il dénonçait tous les jours au micro de Radio Aut, dans une campagne quotidienne d’information. »
Marco Baliani
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« Ça a été pour moi le début d’une espèce d’obsession. La mémoire ! Je sens que le problème est là, un trou qui va de la Première Guerre mondiale aux Brigades Rouges, un trou de récits que j’aimerais explorer, en arrivant jusqu’aux années soixante-dix, pour parvenir à raconter ce qui se passait durant ces années, celles où s’est formée ma génération… »
Marco Baliani
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« Et tout le monde lui disait « Racontez… racontez… » et lui il parlait de la première guerre mondiale, de la guerre que nous avons gagnée.
Tandis que les histoires de notre guerre, la guerre dont on n’a pas encore compris si nous l’avons gagnée ou perdue, nos histoires, personne ne veut les entendre. »
Ascanio Celestini
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« Je dis qu’à partir de 1938 le gouvernement italien a déclaré la guerre à 40 000 Italiens, autrement dit aux Juifs. Parce que ces Italiens-là ils étaient juifs, mais tout aussi italiens que les autres… »
Ascanio Celestini
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