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Sacro GRA: psychogéographie d’un non-lieu, par Olivier Favier.

 
« Sous l’écorce d’une ville malade, les cicatrices se referment elles aussi sans laisser de trace apparente. Mais le mal ronge le cœur d’un monde qui n’a plus de regard pour lui-même. »

Olivier Favier

Le roi des poupées (extrait), par Edmondo De Amicis.

 
« Et sur les tables, les sièges, les rebords des fenêtres sont jetées, dans toutes les attitudes, de grandes poupées nues, la chevelure tragiquement défaite, les yeux mobiles hagards, les bouches qui parlent grandes ouvertes, les unes aveugles, les autres boiteuses, d’autres mutilées, des têtes séparées de leurs bustes, des troncs tendant leurs bras, des bras et des jambes éparpillées: spectacle horrible qui me rappela l’antre fantastique de Jacques l’Éventreur vu dans une baraque de la place Victor-Emmanuel lors du dernier carnaval. »

Edmondo De Amicis

(d’autres putains), par Massimo Barone.

« Son prénom finissait en etta, Rosetta/ Marietta. Je préfère Rosetta,
une putain/ sur l’Aurelia hauteur Ladispoli. »

Massimo Barone

Le fascisme entre chien et loup (2), par Olivier Favier.

« C’est, écrit l’historien Emilio Gentile, qui a consacré un livre à cette question, l’ensemble « peut-être le plus significatif du Fascisme de pierre ». Construit au nord de la ville, sur une plaine fluviale qui s’étend du Tibre au Monte Mario, on y arrive depuis le Pont Duca d’Aosta, lui aussi réalisé à l’époque du régime. De l’autre côté du lungotevere -l’avenue longeant le fleuve-, se dresse encore aujourd’hui un monolithe de marbre blanc de 36 mètres de haut, où sont gravés les mots MUSSOLINI DUX. »

Olivier Favier

L’E.U.R., du fascisme à l’Europe, par Olivier Favier.

« C’est désormais le XXXIIème quartier de Rome, dans la 12ème circonscription. On y accède depuis le centre par cette longue avenue qu’on nomme ici la Cristoforo Colombo, comme si, dans sa longue échappée au sud-ouest de la ville en direction de la mer tyrrhénienne, elle n’avait pour fonction que de montrer la voie vers quelque Nouveau Monde. »

Olivier Favier

Automne, par Carlo Bordini.

« Quand l’imagination
découvre l’invention de soi-même
elle se lasse
d’inventer la réalité
les heures n’existent plus, ni les jours, l’existence et la vie se confondent. »

Carlo Bordini

Choral nocturne (2), par Cristina Ali Farah.

 » Le type était convaincu d’être un voyageur averti. Et plus il avançait dans son récit, plongeant dans l’héroïsme épique des anciens habitants de ces lieux, plus je me sentais gagnée par la nervosité. Comment dire: mais ils avaient des habitants ces pays ou bien il en était le seul, lui le voyageur? Pays, territoire, vous me suivez? »

Cristina Ali Farah

Choral nocturne (1), par Cristina Ali Farah.

« Vous vous souvenez du naufrage il y a un mois? Des dépouilles des neuf Somaliens transportées à Rome? De la célébration des funérailles au Campidoglio? Ces funérailles je crois ont remué quelque chose dans le cœur des gens. Ce n’est pas que je surestime votre rôle. Mais pendant toute la semaine, journaux et télévisions n’ont fait que parler du naufrage. Qui pouvait l’ignorer? Qui voit clairement la raison pour laquelle certaines fois les évènements sont intéressants et d’autres pas? Parce qu’au fond ce naufrage aurait pu être un parmi tant d’autres. »

Cristina Ali Farah

Ce que parler veut dire (notes sur une mise en scène)

« Le théâtre-récit est une forme de guérilla réelle, civique et politique, contre le bruit ambiant. Dans le théâtre-récit, un acteur monte sur scène, seul, il renonce au décor, au costume, au spectacle vivant, il décide de raconter une histoire au public venu l’écouter. Une histoire difficile souvent, soit parce qu’elle touche aux choses dont il est admis qu’on ne veut pas les entendre, qu’il n’y a pas si longtemps, ici même, il s’est passé ceci et que ceci n’est pas encore tragique parce qu’il est bien caché dans la prison du silence, soit parce qu’elle parle de cela qu’on n’entend plus, qu’il fut un temps pas si lointain où les choses avaient une âme et qu’il en est un autre où les hommes ont vendu la leur. Pour raconter ceci ou cela, l’acteur qui jusque là demandait à ne pas voir le public pour se donner en spectacle fait soudain un autre vœu, celui de voir les yeux de ceux à qui il s’adresse, tous les yeux, parce que son récit, s’il veut qu’on l’entende, il doit le porter avec sa voix, ses gestes, son regard, il n’est plus le corps qu’on observe, mais celui qui, à la façon d’un artisan, vient donner corps au récit. »

Olivier Favier

Poème inutile, par Carlo Bordini.

« Je suis un type quelconque
de l’occident chrétien
un jour nous fîmes une réunion près de l’église de
et nous avions un air extrêmemement sauvage
je ne comprends pas grand chose
en ce sens je n’ai rien à dire
j’écris donc ceci par pur narcissisme
et j’en suis fier (parce que je me libère au moins) »

Carlo Bordini