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Marco Tullio Giordana et le roman d’un massacre, par Olivier Favier.

« À près de quarante années de distance, il serait temps de renverser les phrases toujours répétées de Pier Paolo Pasolini. Nous ne savons pas, non, nous ne saurons jamais. Nous ne savons pas, mais nous avons des preuves. Des preuves que beaucoup ont menti, mentent et mentiront encore tant que des menaces continueront à peser sur leur vie, qu’ils auront intérêt à le faire, par orgueil ou par simple habitude. Que tout ce qui pourrait sembler acceptable pour un État démocratique et une société civile ne résiste à aucun examen sérieux. Que les historiens comme les juges sont demeurés impuissants à rendre une vérité qui gît seulement dans notre imaginaire. Dans le laboratoire des années 70, l’Italie toute entière s’est changée en roman. »

Olivier Favier

La première victime de la guerre, par Gabriel Chevallier.

« À la terrasse d’un café du centre, un orchestre attaque La Marseillaise. Tout le monde l’entend debout et se découvre. Sauf un petit homme chétif, de mise modeste, au visage triste sous son chapeau de paille, qui se tient seul dans un coin. »

Gabriel Chevallier

Le narrateur, Réflexions à propos de l’œuvre de Nicolas Leskov (deuxième partie), par Walter Benjamin.

« Le narrateur, c’est l’homme qui pourrait laisser la mèche de sa vie se consumer toute entière à la douce flamme de sa narration. De là vient ce halo incomparable qui, chez Leskov comme chez Hauff, chez Poe comme chez Stevenson, entoure le narrateur. Si l’on se tait, ce n’est pas seulement pour l’entendre, mais aussi un peu parce qu’il est là. Le narrateur est l’image en laquelle le juste se retrouve lui-même. »

Walter Benjamin