Mot-clé : Poesia contemporanea

Poésie découlant de l’observation de quelques moribonds de ma famille, par Carlo Bordini.

« Quand on va mourir on devient
d’autres personnes
on devient des saints des
prédestinés »

Carlo Bordini

Il y a quelque chose d’obscène, par Carlo Bordini.

« Nous qui
sommes tout entier recroquevillés dans nos rêves
nous savons que
Il y a quelque chose d’obscène dans les rêves d’autrui
Il y a quelque chose d’obscène
qui consiste dans le fait que les rêves d’autrui sont / absurdement / et épouvantablement
pareils aux nôtres
et dévoilent la honte
de nos rêves privés
leur petitesse infantile
leur caractère honteusement (pour nous) préfabriqué »

Carlo Bordini

Les droits inhumains, par Carlo Bordini.

« Les hommes, devant les horreurs que les conflits armés et les conflits d’intérêt comportent, ont le droit de garder leur santé mentale. Ils peuvent ainsi:
refouler les conséquences de leurs actes;
considérer comme inévitable leur propre iniquité;
penser être dans le juste;
penser agir pour le bien de l’humanité;
penser que le mal est de toutes façons inévitable;
considérer les êtres humains, dans l’ensemble des êtres vivants, comme les seuls ayant des droits.

Tous les hommes ont le droit d’éprouver de bons sentiments. »

Carlo Bordini

Les gestes, par Carlo Bordini.

« Personnes dont les gestes manqués tremblent
un peu
Personnes dont les gestes manqués. Il y a des personnes
pour qui
faire des gestes est une chose
extrêmement difficile. Elles essaient et
réessaient encore leurs
gestes manqués, et quand l’un réussit il semble que tous
réussissent, mais la file
la plus longue est celle des gestes
manqués; [quelle
file interminable!! »

Carlo Bordini

Haute simplicité, Entretien avec Carlo Bordini

« Je crois qu’Apollinaire est le seul poète à avoir laissé sa trace, sa musique dans mon souvenir. J’aime sa lucidité qui se conjugue avec un style rêveur et visionnaire, j’aime qu’il soit en même temps un poète narratif, un poète essayiste et un poète expérimental. Je pense que Zone est un poème qui, relu maintenant, à quelques cent années de distance, nous explique encore avec lucidité le monde dans lequel nous vivons, et nous enseigne à être tragique sans mélodrame, à raconter le réel en le faisant devenir irréel, à unir le vécu et le lyrisme à l’imagination. J’aime le long alexandrin d’Apollinaire, son parfum d’avant-garde. Ce qui me plaît en outre chez Apollinaire c’est l’apparente simplicité de son vers, qui prend une force olympienne. »

Carlo Bordini, 2010.