Mot-clé : Pacifisme

La première victime de la guerre, par Gabriel Chevallier.

« À la terrasse d’un café du centre, un orchestre attaque La Marseillaise. Tout le monde l’entend debout et se découvre. Sauf un petit homme chétif, de mise modeste, au visage triste sous son chapeau de paille, qui se tient seul dans un coin. »

Gabriel Chevallier

L’Adieu à la patrie, par Luc Durtain.

« Il part comme le cri part de la poitrine. »

Luc Durtain

L’alerte, récit d’avant-guerre, par René Arcos.

« Spectacle pénible à la fin d’une telle journée, on voyait se traîner au loin, cahin-caha, dans le soleil et la poussière, la petite troupe des soi-disant éclopés. C’étaient surtout, pour la plupart, des mauvaises têtes renommées, toute la bande des rouspéteurs éternels, des tire-au-cul, des incrédules, des anarchistes, plaie des casernes et fléau des sociétés modernes. Mais ils étaient, grâce à Dieu, si peu nombreux qu’on pouvait faire semblant de ne pas les voir.
Ils ne méritaient que ce méprisant oubli. »

René Arcos

Masereel (Frans) fiche anthropométrique et rapport de police, par Luc Durtain.

« La fin de juillet 1914 le rencontre en Bretagne. Masereel va retrouver sa famille en Belgique. Le cataclysme, la furieuse ruée des machines sont à l’instant d’emporter avec eux l’artiste. La veille de l’entrée des troupes allemandes à Gand, il s’esquive vers Dunkerque, à pied, puis en bateau. Évasion point seulement matérielle, mais spirituelle! Point seulement fugue opportune, mais éloignement profond, mais horreur!
Un an plus tard, Masereel s’installe à Genève. Devant les forces destructrices que les camps opposés lâchent à l’envi sur le monde, il est de ceux qui se refusent à toute complicité. Au nom de l’esprit, au nom de la beauté de l’univers et de la dignité des êtres, durant les plus noirs moments de la guerre il dressera contre elle, l’un des premiers, le refus de son corps et de son âme. Malgré les haines et la misère qui s’acharnent contre l’exilé, tous les jours, dans La Feuille, il affirmera la barbarie de la destruction, la stupidité des hommes, le mensonge des mots. En 1918, il publie 25 Images de la Passion d’un Homme, sa première grande suite de gravures sur bois. L’adversité, l’injustice, frappant de plein fouet sa conscience, ont suscité la première oeuvre. De ce terrible début, le talent de Masereel gardera la fougue, l’âpreté, la générosité aussi. Dons amers du désastre et du malheur! »

Luc Durtain

Déclaration du Citoyen Brizon. Chambre des Députés (Séance du 24 juin 1916).

« Nous regrettons le mauvais emploi des milliards perdus pour le peuple et nous votons contre les crédits de guerre, pour la paix, pour la France, pour le socialisme. »

Le député Pierre Brizon, 24 juin 1916.

Requiem pour les morts de l’Europe (fragments), par Yvan Goll.

« La bataille aux cent têtes, la bataille aux mille noms, la bataille qui dure des jours, des mois, des années, toujours la même bataille tournait, l’haleine fiévreuse, dans le cirque européen. »

Yvan Goll

L’illumination, par Luc Durtain.

« Il trouve tout à coup bien simples
Les cinq années qu’il vient de vivre,
Et comprend soudain parfaitement
Ce qu’il faut être fou pour comprendre. »

Luc Durtain

Chant d’un fantassin, par Charles Vildrac.

« Je voudrais avoir été
Le premier soldat tombé
Le premier jour de la guerre. »

Charles Vildrac

Au grand nombre, par Pierre Jean Jouve.

« Ô vous tous,
Je sens que si je ne vous aime point -par quelque voie détournée,
Il me manque le plus précieux;
La vie me manque et n’est-ce pas le plus précieux?
Je sens que si je ne fonde pas, sur vous aussi,
La grande cité des divins compagnons,
La grande cité du monde ne sera jamais fondée.
Et le malheur, et l’esclavage, et la mort continueront comme par le passé. »

Pierre Jean Jouve

Le noyé, par Lucien Jacques.

« Qu’une pensée humaine au moins soit son linceul. »

Lucien Jacques