Mot-clé : Mémoire

Entretien avec Primo Levi (1982), par Enzo Biagi.

 
« Ce qu’il s’est produit durant l’été 1938 n’a pas été une surprise. Le Manifeste de la race est sorti en juillet, il y était écrit que les Juifs n’appartenaient plus à la race italienne. Tout cela était déjà dans l’air du temps, il y avait déjà eu des actes antisémites, mais personne n’imaginait les conséquences des lois raciales. J’étais très jeune alors, je me souviens qu’on espérait que ce serait une hérésie du fascisme, quelque chose pour faire plaisir à Hitler. Puis on a vu qu’il n’en était pas ainsi. Il n’y a pas eu de surprise, une déception oui, avec une grande peur mitigée par le faux instinct de conservation : “Ici certaines choses sont impossibles”. Autrement dit la négation du danger. »

Primo Levi

Des outils pour dire non, rencontre avec François Nadiras (LDH Toulon), par Olivier Favier.

« En juin 2004, François Nadiras conçoit seul un site qu’il veut d’emblée simple et lisible, avec quelques rubriques et sous-rubriques, pour que chacun puisse y voyager commodément. En exergue, on peut lire cette phrase de Pierre Vidal-Naquet: « Si l’Histoire sert à quelque chose, c’est à ouvrir les yeux. » C’est une façon “humaniste” de lier curiosité, érudition et exigence morale. »

Olivier Favier

Les intellectuels et la guerre d’Algérie, Archives d’un combat, entretien avec Catherine Brun.

« Ce que les archives rendent aussi sensible, ce sont les phénomènes d’occultation et de surexposition mémorielles. Non, la question de la torture n’a pas été révélée en 2000; non, le Manifeste des 121 ne suffit pas à rendre compte des engagements intellectuels de la période. »

Catherine Brun

Dies irae, par Aldo Zargani.

« Si nous nous racontons les uns aux autres la période qui fut celle du plus grave conflit de l’histoire, nous qui l’avons vécu, nous sommes capables d’entrer dans les moindres détails, alors qu’il nous est difficile d’analyser avec la même acuité ce qui s’est produit par la suite. L’après vit pourtant se succéder plusieurs phases, toutes inexplorées ou presque. Si on y pense, la première fut celle, brève et foudroyante, qui suivit le grand silence de la fin des combats : les jours de colère. »

Aldo Zargani