Rubrique : Théâtre-récit

Une autre Iliade (La dernière nuit), par Massimo Barilla et Salvatore Arena.

« Après dix années de combats, d’épées, de sang. Qu’est-ce que vous auriez fait?
Vous n’y auriez pas cru? Vous n’auriez pas cru qu’ils étaient partis? Qu’ils avaient quitté cette terre? Qu’ils avaient laissé seulement ce cheval et s’en étaient allés? »

Massimo Barilla et Salvatore Arena

Une autre Iliade (Le cheval), par Massimo Barilla et Salvatore Arena.

« Dis-nous la vérité! Thersite?
La vérité? Donnez-moi une barque avec dix rameurs et je vous dirai la vérité.
Tu dis la vérité et nous te donnerons la barque, mais attention à ce que tu dis.
Dans le ventre du cheval, il y a douze hommes, je connais leurs noms, cette nuit ils descendront du cheval, ils ouvriront les portes, il vous tueront tous, un à un. »

Massimo Barilla et Salvatore Arena

Arrange-toi (extraits), par Saverio La Ruina.

« Elles s’arrangeaient comme elles pouvaient, elles s’arrangeaient parce qu’il le fallait bien, elles s’arrangeaient avec les faiseuses d’anges, que tu savais que tu y entrais vivante et tu savais pas si tu en ressortais morte. »

Saverio La Ruina

Sex machine (extrait), par Giuliana Musso.

« Les statistiques nous disent que sur cent femmes violées en Italie,
20 l’ont été par leur mari,
17 par leur petit copain
24 par un ami
3 et demi seulement par un maniaque inconnu.
Ces chiffres vous font peur ?
Rassurez-vous, les gars :
Le sexe c’est la sécurité : 90 pour cent de ces femmes ne dénoncent pas leur violeur… »

Giuliana Musso

Mai Morti (Debré Libanos), par Renato Sarti.

« Les gaz ! Le problème n’était pas de savoir s’il fallait les utiliser ou pas – là-dessus tout le monde était d’accord – le problème était la Société des Nations qui en avait interdit l’utilisation depuis 1925. Et Mussolini est donc contraint de 1) bombarder les hôpitaux de campagne, les postes de la Croix Rouge américaine, égyptienne, suédoise, anglaise. Ce sont eux qui espionnent pour Genève ! Les Anglais n’en croient pas leurs yeux, ils pensent que c’est une erreur, ils exposent un beau grand drapeau carré de 14 mètres sur 14 avec la croix rouge. Quand la croix est touchée en plein centre, alors là ils y croient ; 2) Envoyer de temps en temps des télégrammes comme celui du 5 Janvier 1937 : « Suspendre l’utilisation des gaz jusqu’à la prochaine réunion de Genève… » Et le farouche Badoglio qui n’en à rien à foutre, répond quatre jours plus tard : « Utilisation de l’ypérite très efficace. Cris de terreur parmi la population. » Cris de terreur…Tu m’étonnes ! »

Renato Sarti

Reportage Tchernobyl (L’Apocalypse), par Roberta Biagiarelli et Simona Gonella.

« Nous ne savions pas que la mort pouvait être aussi belle.
Je ne pourrais dire qu’elle n’avait pas d’odeur.
Ce n’était pas celle du printemps ou de l’automne, mais une toute autre odeur. »

Roberta Biagiarelli et Simona Gonella

Reportage Tchernobyl (l’incident), par Roberta Biagiarelli et Simona Gonella.

« Nous sommes le 26 avril 1986 à une heure vingt-trois minutes et quarante-huit secondes

Tcherno-Byl. En russe: ce qui a été obscur.
Tchornobyl. En vieil ukrainien: ABSINTHE.

Le destin est dans le nom? »

Roberta Biagiarelli et Simona Gonella

Reportage Tchernobyl (prologue), par Roberta Biagiarelli et Simona Gonella.

« Ils étaient partis comme ils étaient, en bras de chemise, sans mettre de tenue de protection.
Personne ne les avait avertis, on les avait appelés comme s’il s’agissait d’un incendie normal.
Mais cet incendie n’avait rien de normal. Il ne pouvait pas le savoir, personne ne pouvait le savoir… que cette nuit-là, à la centrale, on avait programmé un test. »

Roberta Biagiarelli et Simona Gonella

Duce en boîte (prologue), par Daniele Timpano.

« À Predappio vous trouvez les restes morts de mon corps vivant d’autrefois et vous trouvez, naturellement, vous trouvez aussi de nombreux gadgets: vous trouvez des broches, des anneaux et des porte-clés avec le faisceau des licteurs, vous trouvez des bronzes, des bustes, des tasses, des images et des magnettes avec ma tête, des magnettes… ceux qu’on met sur le frigo; vous trouvez la matraque “Je m’en fous” -35cm, bois noir avec poignée marron claire, avec inscrit sur la première face justement “Me ne frego”, et sur l’autre “Dux Mussolini”, 12,50 euros H.T., mais vous trouvez aussi le vin du Duce “je chancelle mais je ne flanche pas”, la bière du Duce et la liqueur du Duce -disponible dans son petit emballage par six. »

Daniele Timpano

A comme Srebrenica (Philippe Morillon), par Roberta Biagiarelli et Simona Gonella.

« Morillon quitte Cerska et va à Sarajevo. Là il déclare :
Je n’ai pas senti l’odeur de la mort.
Pourtant je vous dis qu’ils en ont taillé en pièces des centaines, qu’il y a des centaines de corps là-bas. Peut-être qu’ils ne puaient pas.
Et moi je vous dis que je n’ai pas senti l’odeur de la mort.
Morillon essaie de corriger le tir.
En fait, je voulais dire qu’à Cerska il n’y avait pas eu de massacres gratuits.
Ah, pas de massacres gratuits. »

Roberta Biagiarelli et Simona Gonella