Rubrique : Positions

Maison Breton et Parking Éluard, par Olivier Favier.

 
« À Paris, faut-il croire, le siècle qui court des Fleurs du mal et Madame Bovary – tous deux de 1857- au Discours de Suède et au Balcon en forêt – publiés l’un et l’autre en 1958 – de loin le plus riche de la littérature et de la poésie françaises, est destiné à ne pas faire patrimoine. »

Olivier Favier

Nous ne savons que trop bien, par Olivier Favier.

 
« Nous ne savons que trop bien que, lorsqu’une manifestation n’est ni interdite ni déviée au dernier moment, qu’elle ne fait pas le choix d’un itinéraire à risques, elle ne génère normalement aucun débordement. »

Olivier Favier

Lettre ouverte des membres du Conseil scientifique du Musée sur l’histoire de la France et de l’Algérie.

 
Chercheurs impliqués bénévolement dans la réalisation du musée sur l’histoire de la France et de l’Algérie, nous avons appris avec une très grande surprise votre intention d’abandonner ce projet très avancé à un an de l’ouverture du musée. Ceci s’est fait de manière abrupte et improvisée, sans dresser un bilan du projet avec l’équipe qui le menait avec dynamisme depuis trois ans, et sans concertation avec le Conseil scientifique du musée, composé de chercheurs qui s’étaient mobilisés pour soutenir sa réorientation, redonner au projet la légitimité scientifique qu’il méritait, et qui ont joué un rôle considérable dans la préparation des salles du musée et des expositions temporaires. En tant que membres de ce Comité, nous déplorons le gâchis que représenterait l’abandon de ce projet de musée sans équivalent en France.

Nantes, 22 février 2014, le témoignage d’Emmanuel, grièvement blessé.

 
« Rencontre avec Emmanuel DERRIEN, une troisième victime (après Quentin Torselli et Damien Tessier) d’une blessure très grave à l’œil causée par la police le 22 février à Nantes. »

Luc Douillard

Nantes, 22 février 2014: le témoignage de Damien, grièvement blessé.

 
« Je peux affirmer que nous sommes au moins trois blessés à l’œil sur cette manifestation, car à l’hôpital, en plus de Quentin que j’ai croisé, j’ai vu un troisième blessé à l’œil pendant le rendez-vous avec l’anesthésiste, un jeune homme d’environ 25 ans dont je ne connais pas le nom. »

Damien T.

Contribution au centenaire du suicide de la civilisation européenne, par Léonard Vincent.

 
« Pourtant si nous savions réellement de quoi nous parlons la plupart du temps, nous n’aurions pas d’opinion, j’en suis certain.

Ou alors elle serait empreinte d’ironie. De ce pas de côté qui est le signe que nous ne sommes pas totalement conquis. De ce décalage bienveillant et subversif qui a marqué par exemple les grands coups de génie de la civilisation européenne, c’est-à-dire la culture. Nous serions peut-être bien seuls, mais nos yeux seraient ouverts et nos actes seraient plus clairs, et plus fermes. »

Léonard Vincent

Sur le fascisme, par Nicola Chiaromonte.

 
« Il s’agissait, dans mon cas, d’une réaction de conscience, dans laquelle l’élément politique n’entrait que pour constater qu’on ne pouvait qu’être contre de telles choses. Car, du point de vue de la conscience, ce qui importe c’est la réalité et les mots ne valent qu’autant qu’ils l’expriment. Du point de vue de la conscience, ce qui précipite la décision, c’est justement le sens immédiat que certains faits sont ce qu’ils sont et qu’aucune formule ne peut les contraindre à signifier autre chose. Et il n’y a pas de sophisme, ou de nécessité supérieure, qui puissent faire taire en nous l’alarme causée par le fait de l’homme injustement persécuté — ni de «version officielle» qui puisse nous persuader qu’un mensonge est une vérité.

Or, on pourrait dire que les doutes qui s’amassent autour du fascisme au fur et à mesure qu’on apprend à le connaître, viennent essentiellement de ce simple fait: qu’il semble avoir un intérêt primordial à appeler les choses autrement que par leur nom le plus simple. Il commence par dire qu’un crime n’est pas un crime, mais un «moment nécessaire», et même «héroïque», de l’histoire, et finit par appeler «unanimité» le résultat visible de l’excellente organisation de la police politique; ou par dénoncer la «volonté agressive» d’une armée qui se retire.

En effet, en présence, par exemple, des persécutions antisémites en Allemagne, ce qui est insupportable et que je trouve le plus grave, ce n’est pas tant l’explosion féroce d’un ressentiment accumulé: c’est que ce ressentiment prétende se justifier et donc rejeter dans l’abstrait toute responsabilité, par la théorie raciste. Car la passion, même si elle est féroce, est une chose humaine et sur laquelle, d’homme à homme, on peut toujours essayer d’avoir prise. Dans le pire des cas, il y a son cours naturel et l’assouvissement. Mais une théorie absurde raidit la férocité en système; de sorte qu’aucun discours n’est plus possible. Il y a une frontière infranchissable qui se dresse: on a pris l’habitude de la gratifier du nom de «mystique». Plus exactement, elle marque la limite au-delà de laquelle l’obtusité devient irréparable.

Je ne veux pas faire de la polémique. Je veux simplement souligner un fait qui me paraît capital, pour la compréhension du fascisme. Ce fait est l’altération de vocabulaire qui, en simplifiant progressivement les notions de la réalité, en nivelle arbitrairement les aspérités et finit par abolir la conscience de son caractère fondamental, qui est d’être constituée de choses distinctes et d’actions dont chacune a sa signification et ses conséquences propres. C’est le phénomène qui constitue la façade «totalitaire» du fascisme, façade dont la fonction la plus simple est justement celle de donner une apparence d’uniformité à une réalité confuse et complexe.

Cette altération de vocabulaire n’est pas chose nouvelle ni particulière au fascisme, dans le monde actuel. C’est une technique que le fascisme a poussé jusqu’à une certaine perfection, mais tous les intérêts établis s’en servent également, à travers leurs services de propagande, et en utilisant les ressources de la technique moderne de persuasion. Car tout cela n’est qu’affaire de publicité.

Et, de même que, devant les insistances de la réclame qui cherche à vous imposer, par les différentes formes d’obsession, lumineuses ou radiophoniques, l’achat de la marque de savon qui a été le principal auxiliaire de Cléopâtre dans son œuvre de séduction de Marc-Antoine, la seule question utile est de savoir s’il nettoie les mains mieux qu’un autre — de même, devant le fascisme, il importe avant tout de percer l’écorce totalitaire pour aller voir ce qui se passe derrière. C’est-à-dire, il importe avant de rétablir les distinctions, les précisions, les diversités de cette vie réelle et multiple qu’on risque de perdre de vue. »

Nicola Chiaromonte

Conseils d’urgence à l’intention des personnes gravement blessées par la police à Nantes le 22 février, par Luc Douillard.

 
« Contrairement au gaz lacrymogène générateur d’angoisse mais non invalidant, les blessures générées par d’autres matériels de police, notamment lorsqu’elles touchent le visage, peuvent provoquer des mutilations permanentes, voire la mort. »

Luc Douillard

Aéroport de Notre-Dame-de-Landes: ce qui est arrivé à Quentin, à Nantes, le 22 février 2014.

 
« Quentin a eu 29 ans hier à Nantes. Il était comme nous à la manifestation contre l’aéroport. Il est charpentier, c’est le fils d’un de nos amis, et nous sommes en colère. Voici la retranscription du témoignage de Quentin, gravement blessé. »

Caroline de Benedetti

Tout ce qui est rouge n’est pas de gauche, par Olivier Favier.

 
« Dans cette partie, la petite bourgeoisie n’est pas un acteur, elle est plusieurs acteurs. Mais elle est surtout un enjeu. Et si la gauche attire encore à elle une certaine part de chaque catégorie professionelle, c’est la droite qui ramasse de plus en plus majoritairement cet enjeu. »

Chris Marker