Rubrique : Poesía

Dichotomie non sanglante, par Oliverio Girondo.

« Et à l’instant précis
d’entrer dans une maison,
je découvre que j’y étais déjà avant d’être arrivé »

Oliverio Girondo

Communion plénière, par Oliverio Girondo.

« Mes nerfs adhèrent
à la boue, aux parois,
étreignent les ramures,
pénètrent dans la terre,
s’éparpillent dans l’air,
jusqu’à gagner le ciel. »

Oliverio Girondo

Flore et faune, par Rodolfo Alonso.

« Le paradis est un rêve animal. »

Rodolfo Alonso

Brève histoire et brève description du festival de poésie de Medellín, par Carlo Bordini.

« Je veux faire à ce propos une considération qui me semble importante. L’engagement civil des poètes, artistes et intellectuels en Colombie ne doit pas être confondu, à mon sens, avec la vieille attitude de l’intellectuel engagé, commune en Europe dans les décennies qui ont suivi la deuxième guerre mondiale. Là l’intellectuel se considérait comme différent du peuple, il allait vers le peuple; ici les intellectuels sont le peuple; mutation anthropologique qui est advenue dans le monde entier désormais depuis bien longtemps et qui est probablement irréversible. »

Carlo Bordini

Le crépuscule de Vénus, par Rodolfo Alonso.

« Au moment
précis
où le soleil
avide
et aveugle pour le ciel
nu
pose une auréole
à ta silhouette »

Rodolfo Alonso

Ne te sauve pas, par Mario Benedetti.

« ne te sauve pas, ni maintenant
ni jamais »

Mario Benedetti

Epouvantail 18, par Oliverio Girondo.

« Pleurer à flots.
Pleurer la digestion.
Pleurer le sommeil.
Pleurer devant les portes et devant les ports.
Pleurer le sentiment et le sensationnel. »

Oliverio Girondo

Visage de toi, par Mario Benedetti.

« j’ai une solitude
si pleine de gens
que je peux l’organiser
comme si c’était un défilé
par couleurs
tailles
et promesses
par époques
par toucher
par saveur »

Mario Benedetti

Tactique et stratégie, par Mario Benedetti.

« ma tactique est
de m’arrêter dans ton souvenir
je ne sais comment et je ne sais
sous quel prétexte
mais de rester en toi »

Mario Benedetti

Épouvantail 1, par Oliverio Girondo.

« Je me fiche éperdûment que les femmes
aient des seins comme des magnolias ou comme des figues sèches,
une peau de pêche ou de papier de verre.
Je n’attache aucune importance
au fait qu’elles se réveillent avec une haleine aphrodisiaque
ou avec une haleine insecticide.
Je suis parfaitement capable de supporter
qu’elles aient un nez digne de remporter le premier prix
d’une exposition de carottes;
-mais il y a une chose- et sur ce point je suis intraitable- je ne leur pardonne,
sous aucun prétexte, de ne pas savoir voler. »

Oliverio Girondo