Rubrique : Histoire

Le corps d’Andreotti, par Marco Belpoliti.

« Le pouvoir a eu en lui, au lieu de l’ostentation du corps, la soustraction de tout caractère physique, comme cela est arrivé du reste pour Aldo Moro, rendu à l’histoire avec son corps seul dans la 4L des Brigades rouges. »

Marco Belpoliti

Giovanni Gentile: le chantre du fascime devenu « penseur en acte », par Olivier Favier.

« L’institut Culturel italien de Paris l’annonce comme l’une de ses manifestations. Le samedi 2 février 2013, dans les locaux de la Sorbonne, se tiendra un colloque sur le philosophe italien Giovanni Gentile, dont les éditions Hermann publient deux ouvrages. Des universitaires français et italiens prendront part à la célébration, par ailleurs spécialistes de Bergson, Schmitt, Hegel, Nietzsche et Heidegger. Ces noms mis bout à bout vous font dresser l’oreille? Vous avez bien mauvais esprit. »

Olivier Favier

Un pays invisible (extrait), par Stephan Wackwitz.

« Il paraît que dans les années soixante, pendant plusieurs mois, Ernst Jünger se levait tous les matins, s’habillait correctement et restait prostré dans un fauteuil jusqu’à l’heure du coucher. C’était sans doute la dépression muette et abyssale du vétéran de la Grande Guerre que j’avais sentie enfant en présence de mon grand-père, bien qu’à l’époque je n’eusse pas su dire pourquoi il était si triste, si froid et si insensible, si angoissant. »

Stephan Wackwitz

L’Italie et ses crimes: un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.

« Dans le village d’Affile, à 70km au sud-est de Rome, le 11 août 2012, le maire a inauguré un mausolée au maréchal Rodolfo Graziani. Le monument a coûté à la région du Latium la somme de 230 000 euros. »

Olivier Favier

Le Mal, 1914 – 1917 (extraits), par René Arcos.

« Mais non, le monde ne mourrait pas pour si peu. Il continuerait à vivre, parce qu’il le faut bien et aussi parce que, malgré tout, il en a bien envie. L’époque seule est mauvaise et se trompe. Que le sang et les larmes coulent aujourd’hui, après-demain ne s’en souviendra plus et reverra l’homme éclater de rire, danser et chanter, alors même que la terre n’aura pas fini de digérer les « autres ». »

René Arcos

Fascisme passé, fascisme à venir, par Robert Paxton.

« Des mesures draconiennes prises par une bourgeoisie effrayée -voilà qui pourrait être une bonne définition du fascisme. En ce sens, Vichy est fasciste. En ce sens aussi, le fascisme est encore à venir. »

Robert Paxton

Juillet 60, par Carlo Bordini.

« Juillet 60 ne devint un point de référence pour aucune force politique. On n’en parla plus, ni pour l’exalter ni pour l’exécrer. Je crois que cela vient du fait que ce fut un mouvement qui glissa des mains de tout le monde, et qui aurait pu devenir un exemple dangereux. On s’en servit puis on le mit à l’écart: mais il vaudrait la peine aujourd’hui d’en rappeler l’existence. »

Carlo Bordini

La folie au front. Les traumatisés de la Grande Guerre. Entretien avec Laurent Tatu.

« C’est la première fois qu’il y autant de cas cliniques neurologiques et psychiatriques, de médecins, neurologues et psychiatres, réunis au même endroit, sur un front de 800 km. Beaucoup de signes neurologiques dont on se sert encore aujourd’hui sont décrits pendant la Grande Guerre. On a fait des progrès énormes dans la topographie cranio-encéphalique. Ce que je dis vaut aussi, bien entendu, pour la médecine britannique ou allemande. Ce n’est peut-être pas aussi spectaculaire que la chrirurgie maxillo-faciale des gueules cassées, mais ce sont de vraies avancées.

Du côté neuro-psychique, les avancées sont plus tardives. À partir du printemps 1918, les autorités militaires commencent à changer de regard sur les traumatisés de guerre, surtout du côté français. Durant la deuxième guerre mondiale, il y a très peu d’excès sur les « simulateurs potentiels », les névrosés de guerre. Les blessés psychiques sont considérés comme des soldats malades, même par les médecins nazis. »

Laurent Tatu

De la ville considérée comme principe idéal des histoires italiennes (extrait), par Carlo Cattaneo.

« Le berger de Val Sàssina, se donne le nom d’une ville lointaine qu’il n’a jamais vue, et appelle bergamasque le berger des Alpes contigus, alors qu’aucun agriculteur ne s’appelle parisien, pourrait-il voir de chez lui Paris ou presque. »

Carlo Cattaneo

Les vases non communicants, par Jean-Bertrand Pontalis.

« Dans le parcours de chaque écrivain novateur, on trouve une expérience subjective qui déclenche sa mutation. Si, dans le cas de Breton, c’était celle du simulacre? Breton, qui a cent fois retracé son itinéraire, était avare de confidences personnelles. Sur ses rencontres avec les poètes, les artistes, les livres, avec les lieux et les objets, comme sur l’histoire du mouvement avec lequel il veut confondre son propre destin, nous sommes bien informés. Mais il y a une rencontre plus intime et capitale, qui est moins celle d’un homme que d’une disposition proprement révolutionnaire de l’esprit – révolutionnaire en ce sens qu’elle renverse, accomplit la “révolution” de l’attitude normale. Breton s’y réfère à deux reprises dans son œuvre. »

Jean-Bertrand Pontalis