Moi qui n’ai pas chanté, par Sotìris Pastàkas.

 

Moi qui n’ai pas chanté
le rouge profond de la rose,
qui n’ai pas chanté
le sanglot qui a
la profondeur d’un sourire
le profil de trois-quart,
le coin caché
dans mon esprit,
les taches rouges
sur le drap de la mer
quand un vent bref soulève
une à une les rides
de mon cerveau
une à une mes propres
pertes – rideau
qui rougit
juste avant de prendre feu.
La lumière visible.
Les sens, cinq.
Les cent-cinq
habitants d’Iraklia.
Les onze mètres de la coque.
Les bières non comptées.
Les campari comptés
dans leurs reflets.
Une valise, un chapeau
et un divorce.
Encore un campari, s’il vous plait.
Un divorce
et des milliers de parapluies.
Portez-moi d’autres campari.
Je veux voir croître
ma part de martyre
autant que croît votre
plaisir ordonné.
Donnez-moi une grosse orange rouge.
Ne chante plus, tu as chanté
autant qu’il t’a été donné. Chante
les enfants qui chantent encore
à dix heures du soir, on entend
seulement leur voix
dans la cour de l’église,
dans la Semaine Sainte et encore au-delà
des hurlements de chiens errants.
Ils n’ont pas encore fini
de jouer, moi si
j’ai fini, mais pourquoi eux ne jouent-ils pas avec moi.
Un à un j’appelle les enfants
par leur prénom,
Ilìas, Aléxis, Kostì, Éghli
et pas un seul qui réponde
à ce cri. Noms sans réponse
de quelqu’un qui n’est pas devenu père.
Je n’ai pas chanté la paternité
feu d’artifice qui ne fait pas exploser
le contenu de mes couilles
la nuit, je suis un raté
quelqu’un sans munitions nuit sans feu de bengale,
feu d’artifice qui n’a pas explosé,
qui n’a pas enflammé l’obscurité,
simple lanterne rouge.
Je n’ai pas chanté le guide
je n’ai guidé personne en aucun lieu:
psychiatre raté alcoolique,
j’ai seulement suivi les étincelles
de feu qu’émettaient par les yeux
amies et amis – obligation
suprême, même si je ne l’ai pas chantée,
la vie, de la respecter
de la suivre,
de la dépasser,
de la laisser courir derrière moi,
de la laisser courir devant moi.
Elle n’a pas de lanternes la vie
elles tombent dans le plus profond abime
ceux qui en suivent les pas.
Je n’ai pas chanté les feux,
de la lanterne au phare
j’ai changé mes lumières
et même ainsi je ne vois pas mes amis
je ne vois personne:
anorexie, alcool, et insomnie.
Je vois seulement des cauchemars
devant moi: je prévois
et je ne voudrais pas ce don,
j’ai eu peur et j’ai essayé de l’étouffer,
je devine chacune de mes futures
pertes personnelles,
aucune marche en arrière dans la vie.
Il ne m’a pas été donné de chanter
la peur, ni la sortie
de la crise, je n’ai jamais écrit
qu’il était rouge ce bref vent
qui sculptait les rides
sur le drap de la mer.
Je n’ai jamais dit qu’elle était rouge
ma bouche insatiable
quand elle se posait sur sa bouche rouge.
Je n’ai pas dit qu’elles étaient rouges
les mains qui enlaçaient
son corps – je ne les ai jamais chantées.
Je n’ai jamais chanté
ses mains rouges, ses lèvres
rouges, les menstruations
qui lui coulaient de la chatte,
les stop qui s’allumaient
ici et là sur son corps ,
je n’ai pas chanté
son herpès puerpéral.
Je n’ai jamais chanté les interdits.
Seulement ceux que j’ai encaissés.
J’ai chanté mon sanglot
qui avait la profondeur d’un sourire.
J’ai chanté la joie inattendue
qui cache profondément en elle
une couleur rouge et sauvage,
le sang que j’ai craché
le plus loin possible
pour voir d’où souffle
le vent pour définir
la direction
ma prochaine destination.
Je n’ai pas écrit sur la joie.
À la fin, on ne m’a pas donné
le rouge profond de la rose
parce que je voulais devenir rose
et je ne vous l’ai pas confessé,
j’ai seulement colorer de rouge les oeufs
pour me foutre de vous. J’émettais
des cris rouges. Je buvais
des flammes rouges. Je m’habillais
de l’habit rouge du clown
pour m’amuser, pour enflammer
ma vie blafarde, RH
incertain comme mon groupe:
zéro avec un signe négatif.
Lignes blanches, lignes rouges
à la fin, pas même mon sang
vous ne pourrez m’offrir
en cas de besoin, sachez
que je serai expéditif pour vous souhaiter bonne nuit.
Les enfants n’ont pas fini
encore de jouer,
nuit rouge d’avril
qu’il finisse ici, pour moi
le poème.

Traduction Olivier Favier.

Poème extrait de Bafouiller la vie (2012), recueil inédit.

Voir aussi: Promenade dans Athènes avec Damaggio, poète et libertaire, par Olivier Favier.

Sotìris Pastàkas, Athènes, juin 2012. Photo: Olivier Favier.

Io che non ho cantato
il profondo rosso della rosa,
che non ho cantato
il singhiozzo che ha
la profondità di un sorriso
il profilo di tre quarti,
l’angolo nascosto
nella mia mente,
le macchie rosse
sul lenzuolo del mare
quando un breve vento solleva
una a una le rughe
del mio cervello
una a una le mie proprie
perdite – tenda
che arrosisce
l’istante prima di prender fuoco.
La luce visibile.
I sensi, cinque.
I centocinque
abitanti di Iràklia.
Gli undici metri dello scafo.
Le birre non contate.
I campari contati
nei loro riflessi.
Una valigia, un cappello
e un divorzio.
Ancora un campari, per favore.
Un divorzio
e migliaia di ombrelli.
Portatemi altri campari.
Voglio veder crescere
la mia parte di martirio
tanto quanto cresce il vostro
ordinato piacere.
Datemi una grossa arancia rossa.
Non cantare più, hai cantato
quanto ti è stato dato. Canta
i bambini che ancora giocano
alle dieci di sera, si sente
solo la loro voce
nel cortile della chiesa,
nella Settimana Santa e ancora oltre
i latrati dei cani randagi.
Non hanno ancora finito
di giocare, io sì
ho finito, ma perché loro non giocano con me.
Uno a uno chiamo i bambini
per nome,
Ilìas, Aléxis, Kostì, Éghli
e nemmeno uno che risponda
al grido. Nomi senza risposta
di uno che non è diventato padre.
Non ho cantato la paternità
fuoco d’artificio che non fa scoppiare
il contenuto dei miei coglioni
di notte, sono un mancato
uno senza munizioni notte senza bengala,
fuoco d’artificio che non è scoppiato,
che non ha infiammato l’oscurità,
semplice fanalino rosso.
Non ho cantato la guida,
non ho guidato nessuno in nessun luogo:
psichiatra mancato alcolista,
ho solo seguito le scintille
di fuoco che emettevano dagli occhi
amiche e amici – obbligo
supremo, anche se non l’ho cantata,
la vita, di rispettarla
di seguirla,
di sorpassarla,
di lasciarla correre dietro a me,
di lasciarla correre davanti a me.
Non ne ha di fanali la vita
cadono nel più profondo abisso
quelli che ne seguono i passi.
Non ho cantato i fanali,
dal fanalino al faro
ho cambiato le mie luci
e anche così non vedo i miei amici
non vedo nessuno:
anoressia, alcol, e insonnia.
Vedo unicamente incubi
davanti a me: prevedo
e non vorrei questo dono,
ho avuto paura e ho provato a soffocarlo,
indovino di ogni mia personale
perdita futura,
nessuna marcia indietro nella vita.
Non mi è stato dato di cantare
la paura, né l’uscita
dalla crisi, non ho mai scritto
che era rosso quel breve vento
che scolpiva le rughe
sul lenzuolo del mare.
Non ho mai detto che era rossa
la mia bocca insaziabile
quando si posava sulla sua bocca rossa.
Non ho mai detto che erano rosse
le mani che abbracciavano
il suo corpo – non le ho mai cantate.
Non ho mai cantato
le sue mani rosse, le sue labbra
rosse, le mestruazioni
che le colavano dalla fica,
gli stop che s’accendevano
qua e là sul suo corpo,
non ho cantato
il suo herpes porpora.
Non ho mai cantato i divieti.
Solo quelli che ho incassato.
Ho cantato il mio singhiozzo
che aveva la profondità d’un sorriso.
Ho cantato la gioia inaspettata
che profondamente nasconde in lei
un colore rosso e selvaggio,
il sangue che ho sputato
più lontano che potevo
per vedere da dove soffia
il vento per definire
la direzione
la mia prossima destinazione.
Non ho scritto della gioia.
Alla fine, non mi è stato dato
il profondo rosso della rosa
perché volevo diventare rosa
e non ve l’ho confessato,
ho solo colorato di rosso le uova
per sfottervi. Emettevo
grida rosse. Bevevo
fiamme rosse. Mi vestivo
col vestito rosso da clown
per divertirvi, per infiammare
la mia vita scialba, RH
incerto come il mio gruppo:
zero con un segno negativo.
Righe bianche, righe rosse
alla fine, neanche il mio sangue
mi potrete offrire
in caso di bisogno, sappiate
che sarò sbrigativo nel darvi la buonanotte.
I bambini non hanno finito
ancora di giocare,
notte rossa d’aprile
che finisca qui, per me
la poesia.

Traduzione di Massimiliano Damaggio.

Da Inciampare nella gioia (2012), raccolta inedita.

Vedere anche:

Sotìris Pastàkas, Athènes, juin 2012. Photo: Olivier Favier.

Εγώ που δεν τραγούδησα
το βαθύ κόκκινο του ρόδου,
ούτε τραγούδησα
το λυγμό που έχει
το βάθος ενός χαμόγελου
το προφίλ στα τρία τέταρτα,
την κρυμμένη γωνιά
στο μυαλό μου,
τους κόκκινους λεκέδες
στο σεντόνι της θάλασσας
όταν το αεράκι σηκώνει
μία προς μία τις ρυτίδες
του εγκεφάλου μου,
μία προς μία τις προσωπικές μου
απώλειες – μπερντές
που κοκκινίζει
μια στιγμή πριν πάρει φωτιά.
Το ορατό φως.
Τις πέντε αισθήσεις.
Τους εκατόν πέντε
κατοίκους της Ηράκλειας.
Τα έντεκα μέτρα του σκάφους.
Τις αμέτρητες μπύρες.
Τα μετρημένα καμπάρι
μέσα από τις ανταύγειες τους.
Μια βαλίτσα, ένα καπέλο
κι ένα διαζύγιο.
Άλλο ένα καμπάρι, παρακαλώ.
Ένα διαζύγιο
και πάμπολλες ομπρέλες.
Φέρτε μου κι άλλα καμπάρι.
Θέλω να βλέπω τη φέτα
του μαρτυρίου μου να μεγαλώνει
σε αντιστοιχία με τη δική σας
τακτοποιημένη απόλαυση.
Δώστε μου ένα μεγάλο σαγκουίνι.
Μην τραγουδάς, τραγούδησες
όσα σου δόθηκαν. Τραγούδησε
τα παιδιά που παίζουν ακόμα
στις δέκα το βράδυ, μόνον
οι φωνές τους ακούγονται
στο προαύλιο της Εκκλησίας,
Μεγαλοβδόμαδο κι ακόμη πιο μακριά
γαυγίσματα αδέσποτων σκύλων.
Δεν έχουν τελειώσει ακόμη
το παιγνίδι, το δικό μου
μόνον τέλειωσε γιατί δεν με παίζουν.
Ένα-ένα καλώ τα παιδιά
με τα ονόματά τους
Ηλία, Αλέξη, Κωστή, Αίγλη
κι ούτε ένα να μου γυρίσει πίσω
τη φωνή. Αναπάντητα ονόματα
ενός που δεν έγινε πατέρας.
Δεν τραγούδησα την πατρότητα
βεγγαλικό που δεν σκάει
το περιεχόμενο στ’ αρχίδια μου
τη νύχτα, αποτυχημένος
κι άσφαιρος νύχτα χωρίς βεγγαλικά,
πυροτέχνημα που δεν έσκασε,
και δεν πυρπόλησε σκοτάδια,
απλό κόκκινο φωτάκι πορείας.
Δεν τραγούδησα την οδήγηση.
Ούτε οδήγησα κανέναν κάπου:
αποτυχημένος ψυχίατρος αλκοολικός,
μόνον ακολούθησα τις σπίθες
φωτιάς που έβγαζαν απ’ τα μάτια τους
οι φίλες και οι φίλοι-μέγιστη
υποχρέωση κι αν δεν την τραγούδησα
τη ζωή, να τη σέβομαι
να την ακολουθώ,
να την προσπερνώ,
να την αφήνω να τρέχει ξωπίσω μου,
να την αφήνω να τρέχει έμπροσθέν μου.
Φώτα πορείας δεν έχει η ζωή
πέφτουν στον πιο βαθύ γκρεμό
όσοι την πάρουν στο κατόπι.
Δεν τραγούδησα τα φώτα πορείας,
απ’ τη μικρή στη μεγάλη σκάλα
τους προβολείς μου άλλαξα
και πάλι δεν βλέπω τους φίλους μου
δεν βλέπω κανέναν:
ανορεξία, αλκοόλ, κι αϋπνία.
Εφιάλτες μόνο βλέπω
μπροστά μου: προβλέπω
και δεν το ’θελα αυτό το χάρισμα,
τρόμαζα και πίεζα να το πνίξω,
μάντης κάθε προσωπική μου
απώλειας στο μέλλον,
όπισθεν δεν έχει η ζωή.
Δεν μου δόθηκε να τραγουδήσω
το φόβο ούτε την έκβαση
της κρίσης, ούτε έγραψα ποτέ μου
πως κόκκινο ήταν το αεράκι
που σμίλευε ρυτίδες
στο σεντόνι της θάλασσας.
Δεν είπα πως ήταν κόκκινο
το αδηφάγο στόμα μου
όταν καθόταν πάνω στο στόμα της.
Δεν είπα πως ήταν κόκκινα
τα χέρια που αγκάλιαζαν
το κορμί της-δεν τα τραγούδησα.
Δεν τραγούδησα τα δικά της
κόκκινα χέρια, τα κόκκινα
χείλη της, τα έμμηνα
που έσταζαν απ’ το μουνί της,
τα στοπ που άναβαν
εδώ κι εκεί στο κορμί της,
δεν τραγούδησα
τον πορφυρό της έρπητα.
Δεν τραγούδησα τις απαγορεύσεις.
Μόνον αυτά που εισέπραττα.
Τραγούδησα το λυγμό μου
που είχε το βάθος ενός χαμόγελου.
Τραγούδησα την απροσδόκητη χαρά
που κρύβει μέσα της βαθειά
κόκκινο άγριο χρώμα,
το αίμα που έφτυσα
όσο μακριά μπορούσα
να δω προς τα πού φυσάει
ο άνεμος να καθορίσει
την κατεύθυνση
τον προσεχή προορισμό μου.
Δεν έγραψα για τη χαρά.
Δεν μου δόθηκε τελικώς
το βαθύ κόκκινο του ρόδου,
επειδή ήθελα να γινόμουν ρόδο
και δεν σας το μαρτυρούσα,
μόνον έβαφα κόκκινα αυγά
για να σας ξεγελάω. Έβγαζα
κόκκινες φωνές. Κατάπινα
κόκκινες φλόγες. Ντυνόμουνα
την κόκκινη στολή του κλόουν
να σας διασκεδάσω, να πυρπολώ
την άχρωμη ζωή μου, αμφιβόλου
ρέζους ως και η ομάδα μου:
μηδενική μ’ αρνητικό πρόσημο.
Λευκές ρίγες, κόκκινες ρίγες
Τελικά ως και το αίμα μου
δεν θα μπορέσετε να μου χαρίσετε
αν παραστεί ανάγκη, να ξέρετε
πως θα βιαστώ να σας καληνυχτίσω.
Τα παιδιά δεν τέλειωσαν
ακόμη το παιγνίδι τους,
κόκκινη απριλιάτικη νύχτα
κι ας τελειώνει για μένα εδώ
το ποίημα.

από Παραπάτημα στην χαρά (2012), ανέκδοτη συλλογή

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