Dichotomie non sanglante, par Oliverio Girondo.

 

Toujours ma main arrive
plus tard qu’une autre main qui se mêle à la mienne
et elles forment une main.

Lorsque je vais m’asseoir
j’observe que mon corps
s’assied sur un autre corps qui vient juste de s’asseoir
là où je m’assieds.

Et à l’instant précis
d’entrer dans une maison,
je découvre que j’y étais déjà avant d’être arrivé

Il est donc très possible que je n’assiste pas à mon enterrement,
et que tandis que l’on m’inondera de lieux communs,
dejà je serai dans la tombe,
habillé en squelette,
bâillant sous les clichés et les pleurs simulés.

Traduit par Marie Thabuy Ramalingam, extrait de Oliverio Girondo, Poèmes / Poemas, Centre culturel argentin de Paris, Collection Nadir, 1983.

Eliseo Subiela, El lado oscuro del corazón (1992) Dicotomía incruenta, par Oliverio Girondo.

 

DICOTOMÍA INCRUENTE

Siempre llega mi mano
más tarde que otra mano que se mezcla a la mía
y forman una mano.

Cuando voy a sentarme
advierto que mi cuerpo
se sienta en otro cuerpo que acaba de sentarse
adonde yo me siento.

Y en el precise instante
de entrar en una casa,
descubro que ya estaba
antes de haber llegado.

Por eso es muy posible que no asista a mi entierro,
y que mientras me rieguen de lugares comunes,
ya me encuentre en la tumba,
vestido de esqueleto,
bostezando los tópicos y los llantos fingidos.

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