Poésie démente, par Carlo Bordini.

 

Le monde fut fait
en très peu de temps,
dans de grandes disputes
et seulement au dernier
moment il fut décidé,
à défaut de confiance,
d’instituer la mort et de diviser les sexes.
Dieu était très jaloux
de ses quatre ou cinq collèges et par dépit
il dit:
Mais de toute façon dans quelques années il seront tous cassés, l’un sans
un bras, l’autre sans une jambe, autant
les faire mourir!
Et un autre lui dit:
Et ces nouveaux comment tu les fais?
Je ne les fais pas moi, ils les font
eux-mêmes! La belle affaire. Et ainsi,
au dernier moment,
en quelques minutes, ils inventèrent l’instinct sexuel,
et l’enfance. Ils furent au bord d’en venir aux mains.
Et l’un dit: mais tu ne vois donc pas
qu’ainsi il y aura plein d’ennuis?
Qu’est-ce qu’on s’en fiche- dit Dieu.
-De toute façon ce monde ne me plaît pas.
Il est raté. La belle affaire-
intervint un autre. -Où voulais-tu en venir, avec l’idée que tous doivent se manger
les uns les autres? Il est logique qu’ils
s’usent. Et alors? Toi, qu’est-ce que tu aurais fait?
Ils furent au bord
d’en venir aux mains.

Traduit par Olivier Favier.

Bibliographie complète à la fin du poème Les Gestes.

 

POESIA DEMENTE

 

Il mondo fu fatto
in pochissimo tempo,
tra grandi litigate,
e solo all’ultimo
momento fu deciso,
per sfiducia,
di istituire la morte e di dividere i sessi.
Dio era molto geloso
dei suoi quattro o cinque colleghi e per ripicca
disse:
Ma tanto in pochi anni saranno tutti rotti, chi senza
un braccio, chi senza una gamba, tanto vale
farli morire!
E un altro gli disse:
E quelli nuovi come li fai?
Non li faccio io, li fanno
loro! Bella roba. E così,
all’ultimo momento,
in pochi minuti, inventarono l’istinto sessuale,
e l’infanzia. Quasi vennero alle mani.
E uno disse: ma non vedi
che così sarà pieno di guai?
Chi se ne frega – disse Dio.
– Tanto questo mondo non mi piace.
E’ venuto male. Bella roba –
interloquì un altro. – Cosa pretendevi, con l’idea che tutti devono mangiarsi
l’uno con l’altro? E’ logico che si sarebbero
consumati. E allora? Tu che avresti fatto?
Quasi
vennero alle mani.

 

Carlo Bordini, I costruttori di vulcani, Luca Sossella, Bologna, 2010.

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