Ami, par Carlo Bordini.

 
j’ai rendu visite à un ami en train de mourir.
il me pardonna d’être vivant. je me suis aperçu
que j’en avais toujours eu honte. lui au contraire m’expliqua
que ce n’était pas une faute. je ne l’avais pas fait exprès, moi.
il m’expliqua qu’être vivant n’était pas une faute. je ne faisais de mal
à personne. mais il fallait que ce soit lui qui me l’explique. lui je l’ai cru.
il m’expliquait que si je faisais du mal ce n’était pas mon intention. il me pardonna.
il me consola. tu es sympathique, me dit-il, même si tu n’es pas en train de mourir, dans la
vie tu auras tant de belles choses, tu plairas aux femmes. il me fit faire la paix
avec la vie, comme on le fait avec une fiancée rétive.

Bio-bibliographie de Carlo Bordini à la suite du poème Les Gestes. Traduit par Olivier Favier.
 

Amico

 
ho visitato un’amico che stava morendo.
mi perdonò di essere vivo. mi sono accorto
che me n’ero sempre vergognato. lui invece mi spiegò
che non era una colpa. non facevo male
a nessuno. ma ci volle lui per spiegarmelo. a lui ho creduto.
mi spiegò che se facevo male non era con intenzione. mi perdonò.
mi consolò. sei simpatico, mi disse, anche se non stai morendo. nella
vita avrai tante cose belle, piacerai alle donne. mi fece far pace
con la vita, come si fa con una fidanzata riottosa.
 

Tratto da Carlo Bordini, I costruttori di vulcani, Luca Sossella, Bologna, 2010.

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