Le choléra-morbus, par Anaïs Bazin.

« On nous l’avait cependant annoncé bien longtemps à l’avance ; on nous avait fait suivre sur la carte sa marche rapide et menaçante. Le fléau voyageur n’était plus séparé de nous que par cette mer étroite qui nous ramène et nous remporte, avec la mobilité de ses flots, nos rois rétablis ou déchus. Et pourtant, ce voisinage nous inquiétait moins que ne l’avaient d’abord fait les récits venus des pays lointains, doublement terribles par la distance et par la nouveauté. Tout notre effroi s’était usé sur les premières descriptions de ses ravages, sur les premiers dénombrements de ses victimes. »

Anaïs Bazin

La bourse, par Anaïs Bazin.

« Tout ce que nous avons su faire de grand et de durable pour conserver le souvenir de notre progrès social, ç’a été d’élever un hôtel au budget et un temple à l’agiotage. –J’oubliais que l’on construit maintenant des prisons. »

Anaïs Bazin

L’hôtel des finances, par Anaïs Bazin.

« Puisque le budget passe, vous êtes sans doute curieux de savoir où il va. »

Anaïs Bazin

L’émeute, par Anaïs Bazin.

« Nous sommes au premier jour ; car l’émeute en a régulièrement trois : c’est un souvenir renaissant de la révolution qui l’a déchaînée. »

Anaïs Bazin

Le Bourgeois de Paris, par Anaïs Bazin.

« Son embarras est grand lorsqu’un beau matin, son journal se prononce contre le gouvernement ; son journal qu’il estime, qui le compte parmi ses plus anciens abonnés, à qui il adresse le montant de sa souscription patriotique, dont le porteur le connaît et le salue par son nom. En voilà pour toute une journée d’incertitude et de malaise. »

Anaïs Bazin

L’époque sans nom, esquisses de Paris, par Anaïs Bazin.

« Dans la prévoyance de cet accident auquel sont soumises toutes les œuvres de l’esprit, depuis les théories jusqu’aux panégyriques, ce qu’il m’importe de constater dans cette préface, c’est que les pages suivantes ont été écrites au fur et à mesure du caprice et de l’observation, durant le cours de cette époque anonyme qui a suivi la révolution de 1830. »

Anaïs Bazin

Un caractère à part (sur Anaïs Bazin), par Olivier Favier.

« M. Bazin était de ceux qui prennent tout d’abord dans leur esprit la mesure des autres, et qui peut-être souffrent un peu de ne pouvoir donner à l’instant la leur : il en résulte que, plus tard, trop tard, quand on leur accorde ce qui leur est dû, ils n’en savent pas gré, et ne répondent au succès qu’avec un demi-sourire ; l’habitude de l’ironie est contractée. »

Sainte-Beuve, Les causeries du lundi.