Retour sur la guerre d’Algérie, avec un film et quelques liens, par Olivier Favier.

« J’aurais voulu, mais le temps manque, écrire sur un certain retour du refoulé de l’extrême-droite en France, sur les symptômes que réprésentent les récents succès de Robert Ménard ou d’Éric Zemmour, en soulignant aussi leur fond commun de culture pied-noir. Non que je veuille, on s’en doute, en faire un brevet de racisme, mais j’y vois très clairement la survivance d’un malaise relié à une génération et à une communauté qui, d’amnisties précoces en silences complices, n’auront jamais réglé leurs comptes avec l’Histoire. En ce qui nous concerne, force est de croire qu’il n’est jamais trop tard pour payer. »

Olivier Favier

La brebis galeuse (extrait), par Ascanio Celestini.

« Nicola pensait que si l’institut était encore là, c’était juste une erreur de la bureaucratie. Comme les tas d’ordures qui restent au milieu de la rue quand la mairie n’arrive pas à se mettre d’accord avec les éboueurs pour les faire ramasser. »

Ascanio Celestini

Histoire d’une goutte d’eau, par Ascanio Celestini.

« Un homme est assis dans la pièce. Il regarde le robinet qui fuit. L’homme pense : c’est juste une goutte d’eau. »

Ascanio Celestini

C’est moi qui vous ai choisi, par Ascanio Celestini.

« Alors j’ai repensé à cette vieille histoire du loup, de la chèvre et du chou. Eh bien donc, il y a un paysan. Et ce paysan, il a une barque. Oui, c’est bizarre qu’un paysan ait une barque et pas un tracteur et un motoculteur mais bon, celui-là il a une barque, voilà. »

Ascanio Celestini

Moi je marche en file indienne, par Ascanio Celestini.

« Il était une fois un petit pays.
Dans le petit pays il y avait un petit gouvernement. Il y avait aussi une petite école.
Mais le petit gouvernement et le petit pays pensèrent qu’il y avait trop d’enseignants dans la petite école et il dirent éliminons les enseignants qui enseignent des matières qui ne sont pas indispensables parce que trop de matières vont mettre la confusion dans l’esprit des enfants et les enfants sont stupides. »

Ascanio Celestini

Les prostituées et leurs clients, réponse à Philippe Caubère, par Giuliana Musso.

« Il n’y a qu’un point où je me sens en désaccord avec la description de l’échange sexe-argent que nous offre Caubère. Il présume que la prostituée est comme lui quand sur scène il met toute son habileté pour fournir la meilleure prestation possible au prix le plus démocratique: à l’opposé, la prostituée professionnelle en général met toute son habileté pour fournir la prestation la moins fatigante et qui l’implique le moins, le plus vite fait possible, en soutirant, si possible encore, la plus grande quantité d’argent. »

Giuliana Musso

Jetez la pierre et montrez la main, par Ascanio Celestini.

« Mais maintenant, ce n’est plus la peine de la cacher la main, maintenant, moi – regardez-moi – je jette la pierre et je montre la main, je jette la pierre et je montre la main. On est beaucoup, maintenant, vous savez. Ce n’est plus comme avant où on n’était que quelques uns, on se cachait, on fuyait.  »

Ascanio Celestini

Kohlhaas (extrait), par Marco Baliani et Remo Rostagno.

« Dans ces moments-là Kohlhaas sentait que son cœur aussi était un cercle, un enclos et que lui, Kohlhaas, il était au centre de son cœur et que son cœur était au centre du cercle de ses chevaux… dans ces moments-là Kohlhaas sentait que même Dieu… Kohlhaas était très religieux mais il n’aurait jamais dit à un prêtre ce qu’il pensait en cet instant… que même Dieu, à présent, était là, dans le cercle… mieux… que Dieu, c’était ses chevaux! »

Marco Baliani et Remo Rostagno

Droit colonial et code de l’indigénat, par Olivier Le Cour Grandmaison.

« Sous des formes variables au gré des circonstances, des gouvernements et des régimes, tels sont les cas remarquables, mais trop peu remarqués, de l’internement administratif, de la responsabilité collective et de « l’asile donné (…) aux étrangers sans papiers. » Il ne s’agit pas là d’une citation de l’article L. 622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile mais d’un extrait de l’article 19 du Code de l’indigénat algérien du 9 février 1875. Toutes ces mesures ont des origines coloniales, et toutes sont encore présentes dans la législation de ce pays. Le « monstre juridique » de la « Plus Grande France » n’est plus, mais certains de ses descendants sévissent encore. »

Olivier Le Cour Grandmaison

Le flâneur, par Anaïs Bazin.

« Je ne sais quel est l’ignorant, le flatteur, l’homme de l’ancien régime, la tête poudrée, le rétrograde, qui, voulant s’exprimer fortement son droit de propriété sur une chose qu’on lui disputait, s’est imaginé le premier de dire: « Ceci est à moi comme Paris est au roi. » Et pourtant la langue des proverbes, où l’on assure que se trouvent la vérité triviale et la raison populaire, a recueilli soigneusement ce beau dicton rimé. Il y a, comme cela, une foule d’hérésies dans les formules traditionnelles qui servent à la morale des coins de rues ; et c’est tout au plus si, depuis les journées de juillet, on a cessé d’appeler la voie publique, « le pavé du roi ». Du moins, la Chambre des députés n’a-t-elle pas consacré une seule séance à délibérer sur cette expression, bien autrement offensante pour les instruments de la victoire que ne pouvait l’être pour les vainqueurs la qualification de sujets. Et voilà comme on perd tout le fruit des révolutions! »

Anaïs Bazin