Lettre aux recteurs des Universités européennes.

« Au nom même de votre logique, nous vous disons: la vie pue, messieurs, regardez un instant vos faces, considérez vos produits. À travers le crible de vos diplômes, passe une jeunesse efflanquée, perdue. Vous êtes la plaie du monde, messieurs, et c’est tant mieux pour ce monde, mais qu’il se pense un peu moins à la tête de l’humanité. »

Lettre collective du groupe surréaliste sur une proposition originale d’Antonin Artaud.

Flore et faune, par Rodolfo Alonso.

« Le paradis est un rêve animal. »

Rodolfo Alonso

L’effort humain, par Jacques Prévert.

« L’effort humain n’a pas de vraie maison
il sent l’odeur de son travail
et il est touché aux poumons
son salaire est maigre
ses enfants aussi
il travaille comme un nègre
et le nègre travaille comme lui »

Jacques Prévert

Passage du Nord-Ouest, par Thomas de Quincey

« J’aurais pu croire parfois que je venais de découvrir, moi le premier, quelques unes de ces terrae incognitae, et je doutais qu’elles eussent été indiquées sur les cartes modernes de Londres. »

Thomas de Quincey

Il y aura sûrement, par Andrea di Consoli.

« Nous sommes restés au bar des jours entiers
Avec le poids du temps et de la faute
Avec un terrible désir d’embrasser le monde
Au cas où il se serait présenté. »

Andrea di Consoli

Des ruines (3), par Jean-Luc Raharimanana.

« Je suis encore debout. Des paroles figées dans la décrépitude magnifique. Cette simple conscience que la vie est encore érigée dans l’instant, qu’importent les poussières qui tombent de mes ruines, vivre est toujours laisser une part de soi à la mort.

C’est de là que (j’écris) je parle…

De mes ruines. »

Jean-Luc Raharimanana

Des ruines (2), par Jean-Luc Raharimanana.

« De là où je parle, le scandale doit se justifier, le cri doit s’expliquer, et je ruse, je n’aborde pas de front les oreilles qui m’écoutent, je dois ménager les susceptibilités, ne pas traumatiser avec des histoires à l’africaine qui dérangent les consciences, mes mots dansent n’est-ce pas ? Quelle incroyable inventivité ! La fusion de l’oralité et de l’écriture ! La rencontre des traditions et de la modernité ! Je peux même rajouter que je suis d’une île, les vagues, les océans, la houle et la fureur, les cyclones, la rencontre des cultures et des races –ô pardon, les races n’existent pas, la rencontre des populations, les brassages, le métissage, la créolisation, littérature-monde qui réinventera le monde, un monde fou de tolérance et de partage, toutes les langues en face de soi, « et ta gueule tu la fermeras ! ». »

Jean-Luc Raharimanana

Des ruines (1), par Jean-Luc Raharimanana.

« Étrange comme le bourreau de ces siècles, par le miracle du don et du prodige s’est mué en sauveur impuissant, impuissant face à mon incapacité à accepter le progrès, impuissant face à mes guerres intestines, à mon refus de tout, de la démocratie, de la bonne gouvernance, de tout ce bazar mondialiste. Car bien sûr, l’esclavagiste s’est fait abolitionniste, l’ancien colon, du jour au lendemain, fut le messie.  »

Jean-Luc Raharimanana

Madagascar, 1947: les morts sans nombre d’une insurrection, entretien avec J.L. Raharimanana.

« Je suis à ma place, écrivain, artiste. Je reprends ces matières de l’histoire car je constate que ce qui fait mon présent, une île en proie à la misère et à la corruption, vient du fait que mon pays n’a pas pris le temps de réfléchir à son histoire, nous nous sommes laissés submerger par les événements et souvent les gens ne savent plus pourquoi ils se détestent, pourquoi ils ne parviennent pas à travailler ensemble… Nous n’avons pas eu de chroniqueurs ou d’historiens pour nous raconter les deux pacifications. Par contre, nous avons beaucoup de témoignages oraux. Est-ce de l’histoire ? Ce sont en tout cas, des matières pour moi écrivain. »

Jean-Luc Raharimanana

Vent du Sud. Le peuple tunisien a renversé la dictature, par Olivier Favier.

« On me dira que l’hiver y est doux, ou qu’il n’y a presque pas d’hiver, mais par-delà la Méditerranée, il se produit quelque chose qui ressemble beaucoup à un nouveau printemps des peuples. »

Olivier Favier