L’ordre a déjà été exécuté, Rome, Les Fosses ardéatines, la mémoire (introduction), par Alessandro Portelli.

« Ce livre est pour l’essentiel une réflexion sur deux points qui dominent les textes des Allemands et du Vatican : d’un côté la formule « cet ordre a déjà été exécuté », de l’autre la nette distinction entre les « victimes » (les Allemands), les « personnes sacrifiées » (les 335 hommes tués en représailles aux Fosses Ardéatines) et les « coupables ayant échappé à l’arrestation » (les partisans). »

Alessandro Portelli

Bureau de tabac, par Fernando Pessoa.

« Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde. »

Fernando Pessoa

Notes sur le théâtre-récit

« Toute naissance est archaïque. Les avant-gardes historiques se sont nourries aux arts dits primitifs, comme le théâtre-récit trouve son origine chez Homère. L’Iliade tragique et L’Odyssée épique appartiennent à un monde d’avant la tragédie, et d’avant l’épopée.

La nécessité est aveugle mais elle peut être comprise. »

Olivier Favier

Ce que parler veut dire (notes sur une mise en scène)

« Le théâtre-récit est une forme de guérilla réelle, civique et politique, contre le bruit ambiant. Dans le théâtre-récit, un acteur monte sur scène, seul, il renonce au décor, au costume, au spectacle vivant, il décide de raconter une histoire au public venu l’écouter. Une histoire difficile souvent, soit parce qu’elle touche aux choses dont il est admis qu’on ne veut pas les entendre, qu’il n’y a pas si longtemps, ici même, il s’est passé ceci et que ceci n’est pas encore tragique parce qu’il est bien caché dans la prison du silence, soit parce qu’elle parle de cela qu’on n’entend plus, qu’il fut un temps pas si lointain où les choses avaient une âme et qu’il en est un autre où les hommes ont vendu la leur. Pour raconter ceci ou cela, l’acteur qui jusque là demandait à ne pas voir le public pour se donner en spectacle fait soudain un autre vœu, celui de voir les yeux de ceux à qui il s’adresse, tous les yeux, parce que son récit, s’il veut qu’on l’entende, il doit le porter avec sa voix, ses gestes, son regard, il n’est plus le corps qu’on observe, mais celui qui, à la façon d’un artisan, vient donner corps au récit. »

Olivier Favier

Mémoire littéraire, mémoire historique. Entretien croisé sur l’Italie des lois raciales (1938-1945), avec Marie-Anne Matard-Bonucci et Aldo Zargani.

« Pourquoi Graziani, auteur de massacres en Éthiopie et en Libye, ne fut jamais extradé comme le furent Kappler, Reder et tant d’autres? Pourquoi l’Italie a-t-elle oublié les massacres de la Croatie? Et voilà qu’aujourd’hui les post-fascistes essaient de mettre les massacres des Foibe sur le même plan que la shoah! »

Aldo Zargani

Une réalité subjective, entretien avec Aldo Zargani.

« La mémoire est fragile parce qu’elle est dynamique, elle change avec le temps, et elle s’éloigne imperceptiblement de la vérité objective. Aussi je crois qu’une véritable autobiographie est tenue de « se constituer en roman » pour pouvoir évoquer comment ont été vus, en une époque désormais lointaine, les faits alors qu’ils se produisaient et qu’ils étaient aussitôt reflétés dans l’esprit d’un enfant. Cela m’oblige à raconter ce que je lis à l’intérieur de moi sous la forme d’un roman et, dans le même temps, à me donner tort lorsque c’est nécessaire. »

Aldo Zargani

Meditazioni in anticamera, di Guadalupe Grande.

« Liverpool non esiste.

Questo sa la donna che si siede dietro i vetri dell’aeroporto a veder passare il fiume Mersey,

un fiume che assomiglia alla misericordia ma lungo il quale non risaliranno i salmoni: non arriveranno al torrente, non attraverseranno il tunnel dell’orso, non deporranno uova sulla cieca obbedienza delle bussole. »

Guadalupe Grande

Méditations dans l’antichambre, par Guadalupe Grande.

« C’est ce qu’elle regarde aujourd’hui dans le fleuve Mersey. À la fin, tout ce qui n’existe pas forme une carte de l’autre rive.

C’est pourquoi aujourd’hui Liverpool n’existe pas, de l’autre côté de l’eau. De l’autre côté de la vitre. »

Guadalupe Grande

La fuite, par Guadalupe Grande.

« J’ai fui, c’est vrai. Et puis après…
Fuir est un naufrage,
une mer sur laquelle tu cherches ton visage, inutilement,
au point de te changer en naufragé de sel,
cristal sur lequel brille la nostalgie. »

Guadalupe Grande

Gatte partorienti, di Guadalupe Grande.

« Così ascolti le cose della tua vita come il miagolio di un gatto in fondo al giardino »

Guadalupe Grande